Le Bundesrat refuse de faciliter l’expulsion des demandeurs d’asile tunisiens, marocains et algériens

 Le Bundesrat refuse de faciliter l’expulsion des demandeurs d’asile tunisiens, marocains et algériens


Angela Merkel a subi un revers vendredi dans sa tentative de durcir la politique migratoire de son pays. Le Bundesrat, la chambre haute allemande représentant les régions, a en effet voté contre l’inscription de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie sur la liste des pays sûrs, vers lesquels les procédures d’expulsion sont facilitées.


Le Bundestag, l’équivalent de l’Assemblée nationale, avait approuvé en mai dernier un texte visant à classer dans la catégorie des pays sûrs l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Un tel classement devait accélérer les procédures d’étude de dossiers de demandeurs d’asile en provenance de ces pays et faciliter leur expulsion en cas de rejet. Mais, la chambre haute en a décidé autrement ce vendredi, sous l’impulsion des verts notamment, qui font partie de coalitions au pouvoir dans plusieurs régions allemandes.


Ce vote est un revers pour la chancelière allemande, qui déploie depuis quelques mois beaucoup d’efforts pour durcir sa politique d’immigration. Parmi les premiers à réagir le ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière qui a jugé qu’il s’agissait « d’une journée sombre dans la lutte contre l’immigration clandestine ».


En ligne de mire : les élections législatives du 24 septembre, dont la migration est devenue un thème majeur. Angela Merkel tentera de gagner un quatrième mandat de chancelière. Or, ses opposants lui reprochent d’avoir grand ouvert les portes aux migrants ces deux dernières années : un million au total.


Le vote du Bundesrat ne devrait cependant pas totalement bloquer les procédures d’expulsions. En déplacement à Tunis le 3 mars, la chancelière a arraché un accord avec les autorités tunisiennes pour faciliter l’expulsion de 1500 personnes en situation irrégulière. Une annonce qui a provoqué l’ire de la société civile tunisienne.


Dans un communiqué diffusé le 12 mars, des ONG dénoncent l’absence de concertation sur un accord bafouant le droit « fondamental à la libre circulation des personnes (et) le droit au recours des migrants ».


Parmi les signataires de ce texte intitulé « Non à l’accord tuniso-allemand organisant les expulsions massives de migrants tunisiens », figurent notamment la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, l'Union nationale de la femme tunisienne et l'Union des leaders africains. Ils sont soutenus entre autres par EuroMed Rights et le Conseil italien pour les réfugiés.


Rached Cherif


 

Rached Cherif