Calais : un rapport dénonce les « traitements dégradants » des migrants

 Calais : un rapport dénonce les « traitements dégradants » des migrants

Illustration. Evacuation de migrants par la police française. BUREAU MARTIN / AFP / 2019

Un nouveau rapport de Human Rights Watch dénonce les « traitements dégradants » que subissent les migrants dans la région de Calais.

 

Rapport

Harcèlement policier quasi quotidien, expulsions massives et répétées, aide humanitaire contrariée. Dans son nouveau rapport (7 octobre) intitulé « Infliger la détresse : Le traitement dégradant des enfants et adultes migrants dans le nord de la France », l’ONG Human Rights Watch pointe du doigt la politique mise en œuvre dans la région de Calais. Le constat, cinq ans après le démantèlement de la « Jungle », est accablant et la situation reste très compliquée aux alentours de la ville.

Selon les associations humanitaires présentes sur place, environ deux mille personnes, dont au moins 300 enfants non accompagnés, vivaient dans des campements à Calais et ses alentours à la mi-2021.

Harcèlement policier

Dénoncé depuis plusieurs années, le harcèlement policier touche aussi les personnes migrantes que les associations qui leur viennent en aide. Selon le rapport, entre janvier 2020 et juin 2021, les expulsions de « routine » visaient la plupart des campements de Calais quasiment un jour sur deux. Les tentes, sacs de couchage, bâches sont confisquées, les personnes migrantes se retrouvant dans le dénuement le plus total.

D’autre part, les associations humanitaires qui apportent une aide quotidienne aux personnes migrantes sont, elles, visées par exemple, par des arrêtés municipaux interdisent la distribution de nourriture et d’eau dans le centre-ville de Calais.

Inefficacité

La question de la mise à l’abri est également mise en avant dans le rapport. Les mises à l’abri justifieraient les nombreuses expulsions. Sauf que l’abri n’est assuré que pour une courte durée et l’hébergement d’urgence, en France, est débordé.

De plus, cet été, le nombre de traversées irrégulières de la Manche a explosé. Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch, pointe l’inefficacité de la politique mise en place : « Si l’objectif est de décourager les migrants de se regrouper dans le nord de la France, ces politiques sont un échec flagrant, et entraînent de graves souffrances ».

Human Rights Watch préconise que les préfectures du Pas-de-Calais et du Nord, ainsi que les autorités départementales travaillent ensemble proposer des alternatives d’hébergement et des solutions pour mieux accompagner les personnes dans leur parcours migratoire.

 

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Charly Célinain