Calais : la répression toujours aussi forte en 2020

 Calais : la répression toujours aussi forte en 2020

Evacuation d’un camp de migrants à Grande-Synthe, dans le nord de la France. FRANÇOIS LO PRESTI / AFP

Selon un rapport de Human Rights Observers (HRO), la répression contre les personnes exilées à la frontière franco-britannique est restée très forte en 2020 malgré la situation sanitaire.

 

Répression renforcée

En 2020, ce ne sont pas moins de 1058 expulsions de lieux de vie qui ont été conduites à Calais et à Grande-Synthe. Quasiment 3 par jour, et selon une logique bien définie observée par l’ONG Human Rights Observers (HRO). Des expulsions toutes les 48 heures et des expulsions irrégulières de grande ampleur.

Dans son rapport intitulé « Observation des violences d’Etat à la frontière franco-britannique (Calais et Grande-Synthe) », l’ONG pointe le « caractère xénophobe et répressif de la politique française à l’égard des personnes en transit ». Ou encore l’utilisation des forces de l’ordre « pour exécuter et encadrer un harcèlement pensé et organisé par les dirigeants français ».

>> Lire aussi : Calais : « Les politiciens changent, la politique reste la même »

Intimidations et violences

Vols et destructions de biens personnels, usage disproportionné de gaz lacrymogène, morsures de chiens au niveau des points de passage ou encore privations de sommeil, autant d’actes de répression violente commis à l’encontre des personnes exilées à Calais et Grande-Synthe, observés par les membres de HRO.

Un des grands enjeux pour l’ONG est de documenter et rapporter ces actes. Tâche rendue compliquée par un large périmètre de sécurité mais également par des actes d’intimidations. Pour HRO, l’Etat prendrait pour excuse l’état d’urgence sanitaire pour éloigner les équipes d’observation pendant les expulsions, et ainsi invisibiliser les violences perpétrées à la frontière. « Nos équipes ont fait l’objet de 32 verbalisations lors de nos activités sur l’ensemble des deux confinements en 2020 » rapporte HRO.

>> Lire aussi : Calais : « Les politiciens changent, la politique reste la même »

Coopération franco-britannique

En 2020, environ 8 500 migrants ont tenté de rejoindre la Grande-Bretagne. Et ce, malgré la mise en place, le 12 juillet dernier, d’une unité de renseignement opérationnel (URO) franco-britannique dédiée à la lutte contre le trafic de migrants.

Le 28 novembre dernier, suite à une visioconférence entre Gérald Darmanin et Priti Patel, ministres français et britannique, un accord a été trouvé pour doubler les patrouilles françaises à partir du 1er décembre afin de repérer les clandestins qui tentent la traversée irrégulière de la Manche. A cette fin, la Grande-Bretagne a accepté de dépenser 31,4 millions d’euros pour la mise en place d’un nouveau plan opérationnel conjoint.

« Les ministres sont convenus que le travail des forces de l’ordre pour prévenir et arrêter ces passages n’a jamais été aussi efficace, le taux de réussite des interventions passant de 41 % en 2019 à plus de 60 % ces dernières semaines », précisait alors une déclaration conjointe de la France et du Royaume-Uni.

>> Lire aussi :

Préfecture du Pas-de-Calais : l’interdiction de distribution de vivres prolongée

Calais : La France rappelée à l’ordre par la CNCDH

Calais : une expulsion pour le réveillon de Noël ?

 

Charly Célinain