Camp du canal Saint-Denis : les conséquences de l’inaction

 Camp du canal Saint-Denis : les conséquences de l’inaction

Camp de fortune de réfugiés situé le long du canal St-Denis à Aubervilliers, près de Paris le 17 juillet 2020. FRANÇOIS GUILLOT / AFP

Évacuations, noyades, coronavirus, les autorités détournent le regard du camp des migrants, installé sur le canal Saint-Denis.

 

Abandonnés

Le 10 juillet dernier, un exilé soudanais a été retrouvé noyé dans le canal Saint-Denis à Aubervilliers, près de Paris. Ce dernier a été repêché non loin du camp où il vivait.

Un camp qui s’est formé en mars dernier et qui regroupe aujourd’hui près de 1000 personnes. Entre mars et mai, trois autres migrants avaient été retrouvés noyés.

Quatre organisations tirent la sonnette d’alarme. Le Gisti, Droits d’urgence, Solidarité Migrants Wilson et Watizat dénoncent une nouvelle fois l’inaction des autorités.

Pourtant, encore le 2 juillet dernier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) condamnait la France pour son manque d’assistance aux demandeurs d’asile.

 

Évacuations inutiles

« Un traitement inhumain et dégradant » envers les personnes migrantes et demandeurs d’asile selon la CEDH. Ceux-ci survivent dans des conditions compliquées par les régulières évacuations conduites par les forces de l’ordre.

Des opérations « inutiles » selon les organisations, puisque le camp se reforme dès le jour suivant. Elles constatent également au quotidien ce que soulignait la CEDH le 2 juillet dernier.

La Cour européenne décrit notamment des exilés « dans la rue, sans ressources, sans accès à des sanitaires, ne disposant d’aucun moyen de subvenir à leurs besoins essentiels et dans l’angoisse permanente d’être attaqués et volés ».

 

Confinement et post-confinement

Le campement du canal Saint-Denis s’est constitué durant le confinement. Alors que le gouvernement appelait à la solidarité, les personnes migrantes semblaient exclues de cet élan de générosité.

25 mars, 7 avril, 15 avril, 8 mai, autant de démantèlements, suivis d’aucune proposition de relogement, au cœur de la période de confinement.

Le 7 avril, suite à une évacuation, Georges-François Leclerc, préfet de Seine-Saint-Denis, déclarait que les forces de l’ordre n’avaient fait « qu’appliquer l’arrêté qui interdit l’accès aux berges du canal à toute personnes ».

Paris, Saint-Denis, Aubervilliers, les différentes autorités se renvoient la balle et la situation empire. Le camp grossit et le virus y circule à nouveau activement selon les associations y intervenant. Au fil des années, les autorités n’ont cessé de repousser les personnes migrantes hors de la ville de Paris, mais in fine elles n’ont rien réglé.

Charly Célinain