Discrimination : jugement en appel dans l’affaire Adecco

 Discrimination : jugement en appel dans l’affaire Adecco

JACQUES DEMARTHON / AFP

Depuis 20 ans, la procédure judiciaire se poursuit. La société d’intérim suisse Adecco est accusée de discrimination. La cour d’appel de Paris rend son jugement aujourd’hui.

 

L’affaire pourrait aller jusqu’à la cassation. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris se prononce aujourd’hui sur les suites à donner aux mises en examen.

Adecco est accusée d’avoir établi un fichier mentionnant les « origines sociales ou ethniques » de 500 intérimaires. Elle est également inculpée pour « subordination d’une offre d’emploi à un critère d’origine ».

Dans le viseur de la justice : deux dirigeants de l’agence parisienne de Montparnasse. En 2001, deux associations portent plainte pour dénoncer le système de fichage racial qui serait la base des embauches d’Adecco.

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PR4 et BBR

Ce système de fichage proposait des annotations discriminantes portant sur l’apparence des candidats. Certaines personnes apparaissaient comme « PR4 », c’est-à-dire « personnes de nationalité étrangère très typées ». Ce qui signifiait que ces candidats ne pouvaient pas endosser certaines missions. Telles les fonctions de commis de salle ou chef de rang dans des restaurants. A l’inverse, ce fichage proposait les « PR1 », pour les « très bonne présentation ». Aussi appelés les « BBR », « bleus, blancs, rouges », comprendre des Français blancs.

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Non-lieu en 2017

C’est un stagiaire de l’agence Adecco de Montparnasse, à Paris, qui a déclenché l’affaire. Une affaire ressemblant au plus grand scandale de discrimination raciale en entreprise en France. Il s’est tourné vers SOS Racisme pour témoigner. C’est ainsi qu’avec La Maison des Potes, l’association antiraciste a décidé de saisir la justice.

La boite d’intérim a toujours nié ces accusations. Elle avance que ce sont ses clients qui refusaient tel ou tel profil de candidat pour le poste recherché. En 2017, un juge d’instruction a d’ailleurs prononcé un non-lieu. Les associations ont alors saisi les magistrats chargés de contrôler le travail des juges d’instruction.

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Chloé Juhel