Samira Tamansourt, bénévole de coeur

 Samira Tamansourt, bénévole de coeur

archives personnelles de Samira Tamansourt


Cette mère de famille aide des femmes enceintes et de jeunes mamans démunies au sein de l’association Un petit bagage d’amour. La grande précarité, elle la combat au quotidien, après l’avoir connue elle-même dans sa jeunesse. 


“Je suis tombée sur un post Facebook il y a deux ans. Il ­appelait à venir en aide à la mère d’un bébé qui n’avait pas les moyens d’acheter du lait maternel, raconte Samira ­Tamansourt. La famille habitait à quelques pas de chez moi. J’y suis allée et je suis devenue bénévole.” Ainsi est né son engagement au sein de l’association Un petit bagage d’amour, créée en 2016 par Samra Seddik. Issue d’une famille d’immigrés tunisiens, elle aussi a connu la galère, chez elle. “On a été expulsé de notre appartement parisien du XIXe quand j’avais 15 ans. Mes parents et mes cinq frères et sœurs. On a passé deux mois dans un squat à La Chapelle, avant de trouver un appartement à Clichy-sous-Bois, se souvient-elle. Mon père, petit commerçant, gagnait peu. J’étudiais le jour et je travaillais la nuit pour aider ma ­famille.” Une expérience qui a forgé son caractère et l’a sensibilisée à la question de la précarité et du besoin.


 


Un service public défaillant


A 46 ans, cette mère de trois enfants partage son temps entre sa vie professionnelle, familiale et associative. Au sein d’Un petit bagage d’amour, Samira et les autres bénévoles fournissent aux mamans de tout-petits un “bagage” avec des bodys, des pyjamas, des chaussons, des capes de bain, des couches, des biberons… A raison de deux à trois permanences par semaine, l’une pour la préparation des colis, l’autre pour les rendez-vous avec les mamans. Une action inédite qui pointe le manque de prise en charge par les services publics des jeunes mères de famille qui sont à la rue. “Un jour, un hôpital a appelé, raconte Samira. On nous demandait si on avait une poussette pour un nouveau-né, afin qu’il puisse dormir dans la rue ! On a été choqué. On a fait appel à nos réseaux pour trouver une solution et grâce à une amie sage-femme et à son association Oum Need Home, on a pu payer des nuits d’hôtel, en attendant que la maman soit prise en charge.”


 


“Quand il s’agit de bébés, les gens aident”


Sollicitée par de grandes institutions d’aide aux plus démunis (la Croix-Rouge, Emmaüs), mais aussi le Samu social, l’association ne perçoit aucune subvention publique. “Chaque jour, les services sociaux nous envoient des dizaines de dossiers, témoigne Samira. On fournit une cinquantaine de colis par mois. On a l’impression de se substituer au service public défaillant. Ça fait peur ! Mais la générosité des donneurs rassure la bénévole : “Quand il s’agit de bébés, les gens aident. Chez moi, c’est la brocante géante. La paroisse Saint-Sulpice et son service d’aide aux jeunes mères (SAJM), nous ont prêté une salle. On rencontre des gens formidables de tous les milieux.” De quoi trouver l’énergie de continuer son combat contre la précarité. 

Nadia Sweeny