Economie – Le FMI change de ton vis-à-vis de la Tunisie

 Economie – Le FMI change de ton vis-à-vis de la Tunisie

Au terme de sa mission en Tunisie du 23 au 25 mars, le FMI n’a pas annoncé de plan d’aide malgré des avancées dans les discussions.

« La Tunisie a besoin d’une nouvelle direction économique, une direction différente de celle de la décennie écoulée », a asséné sans détour Chris Geiregat, chef de la mission menée par une équipe du Fonds monétaire international dans le cadre d’une consultation spéciale.

Intervenant quelques jours après le downgarde de la note souveraine de la Tunisie par l’agence Moody’s, cette évaluation est sans appel sur le potentiel gâché de l’aura du pays durant l’euphorie qui avait succédé la révolution de 2011. Les investisseurs étrangers avaient pourtant vu en le pays les perspectives d’un renouveau économique accompagnant la démocratisation post printemps arabe, note Geiregat dans la vidéo ci-dessous où ce représentant du FMI en débat avec le Capitol intelligence / CI MENA.

« Nous pensons qu’une nouvelle direction économique est nécessaire pour réussir la mise en place de réformes structurelles et améliorer la gouvernance », a-t-il renchéri le 2 mars lors d’un point de presse en ligne autour de cette mission.

 

Un optimisme modéré, assorti d’un avertissement du FMI sur la situation politique du pays

Ce haut cadre a néanmoins tenu à préciser que le FMI et les autorités tunisiennes sont tombés d’accord sur le fait que l’avenir économique de la Tunisie dépendra de l’adoption d’un plan ambitieux de réformes, « un plan de réformes qui lance l’économie dans une nouvelle direction ».

« Ce plan ambitieux de réformes devrait être élaboré par les autorités tunisiennes elles-mêmes. Et pour que ce plan soit accepté par la société tunisienne et par ces partenaires internationaux de développement, il sera important de communiquer ce plan aux Tunisiens et Tunisiennes et de les engager dans un dialogue national », a-t-il dit. Plutôt consensuelle en apparence, l’affirmation hausse le ton en réalité face à l’instabilité politique chronique du pays qui a vu se succéder 3 gouvernements depuis 2019.

Le responsable laisse par ailleurs entendre que « des réformes difficiles ne peuvent être accomplies qu’à condition que tout le monde comprenne en quoi elles vont bénéficier à la société, en termes de meilleure protection sociale, de plus de croissance inclusive, et moins de pauvreté, etc. même si le coût de pareil ajustement sera difficile à encaisser dans le court terme ».

« Nous appelons cette approbation « le pacte social ». En clair, cela implique que toutes les forces vives consentent à appréhender ce plan de réforme avec un certaine ouverture d’esprit, et que chacun cède du terrain à son niveau pour que tout le monde y trouve son compte, le tout via une nouvelle direction pour l’économie ».

Évoquant les défis immédiats auxquels fait face le pays, il a noté qu’il s’agit principalement de deux défis, dont le premier est de préserver les vies, les emplois et les conditions sanitaires de sorte d’atténuer l’impact de la crise sanitaire sur les personnes vulnérables jusqu’à-ce que la pandémie se dissipe.

Quant au deuxième défi, il s’agit de remettre les finances publiques sur les rails en vue d’un assainissement, notamment le déficit budgétaire et le niveau de la dette, lesquels devraient évoluer vers des niveaux plus soutenables.

S’attelant aux fléaux de la corruption et de l’inflation, l’institution monétaire internationale recommande enfin à la Banque centrale de Tunisie d’éviter toute tentation de financement monétaire du déficit budgétaire, de permettre au taux de change de s’ajuster aux développements du marché et de continuer à suivre de très près le secteur financier pour détecter tout signe de détresse des emprunteurs et de créances douteuses. L’euro tunisien s’échange aujourd’hui contre 3,27 dinars tunisiens, soit un niveau proche de sont plus haut historique de 3,46dt.

 

Seif Soudani