La religion des droits de l’homme

 La religion des droits de l’homme

Cet activiste vénézuélien parade en costume de l’Oncle Sam lors d’une manifestation de soutien au président Nicolas Maduro


MAGAZINE DECEMBRE 2017


 


Ces derniers temps, les ONG de défense des droits de l’homme se sont retrouvées au premier plan dans de nombreuses affaires médiatiques sentant à plein nez l’intox. Mais là où cette culture “droits-de-l’hommiste” à géométrie variable excelle, c’est quand il s’agit de pays ou de personnalités musulmanes où ces “faux défenseurs” des droits de l’homme, mais vrais manipulateurs, saisissent n’importe quel fait divers ou prétexte pour s’adonner à leur sport favori : la guerre contre les musulmans et la diabolisation de tout ce qui concerne l’Islam et ses pratiquants.


 


“Au bûcher Ramadan !”


Le “cas Tariq Ramadan” est assez parlant puisqu’on a là un personnage accusé de viol par deux femmes et de harcèlement sexuel par d’autres. Avec désormais à la une des médias une seule et même constante : “Au bûcher Ramadan !” Exit la présomption d’innocence, bonjour l’accusation à l’emporte-pièce. Nous n’avons pas de sympathie pour le “gourou” des Frères musulmans, on lui reproche bien des choses en matière de manipulation des opinions publiques, mais une accusation de viol vaut procès et l’issue de ce dernier dépend des juges et non du verdict des médias ou des ONG. Le pire, c’est quand des journalistes, comme ceux de Charlie Hebdo, s’en prennent à Mediapart parce que le site d’information refuse de prendre part à la curée. Des journalistes allant jusqu’à accuser son directeur, Edwy Plenel, de complicité avec Ramadan.


Les projecteurs de nos vaillants défenseurs de la veuve et de l’opprimé, relayés par des médias complaisants au service de la pensée unique, se sont aussi braqués sur le Venezuela. Le pays, qui tente de s’extraire de la tutelle néolibérale occidentale, est accusé des pires exactions, accusations étayées par des montages ­grossiers ­illustrant de pseudo-violations des droits de l’homme.


Une autre fois, c’est le Maroc qui se retrouve au centre d’une tempête (dans un verre d’eau). Pourquoi ? Il y a quelques semaines de cela, le Royaume avait exprimé ses réserves sur 44 recommandations parmi les 244 formulées par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Il n’en fallut pas plus pour que la société civile occidentale, relayée par l’activisme de quelques ONG locales, accuse le pays d’être une véritable base arrière de l’obscurantisme. Pourtant, le refus d’adhésion au Tribunal pénal international s’explique par la partialité de cette institution qui pratique une justice aux ordres. La question de la peine de mort est toujours en débat au Maroc et aucun détenu n’a été exécuté depuis 1993. Quant à la dépénalisation des relations entre personnes de même sexe, il s’agit d’une ligne rouge dans un pays musulman qui refuse de ­légaliser la prostitution et où l’adultère est criminalisé.


 


Offense à l’intelligence et à la vérité


L’hypocrisie de ces chiens de garde est une offense à l’intelligence et à la vérité, mais surtout un camouflet pour les populations qui, elles, sont réellement soumises à des violations des droits de l’homme. Rappelons que dans un pays comme Israël, les Palestiniens se font tirer comme des lapins ; des enfants sont jetés en prison après avoir été tabassés ; et l’Etat hébreu a remis à l’ordre du jour les camps de concentration, mais cette fois-ci au détriment des ­Palestiniens, lesquels refusent l’esclavagisme qu’on leur inflige.


Si l’Hexagone n’a plus le droit d’imposer la dictature droits-de-l’hommiste aux autres nations, c’est que le culte des droits de l’homme, ce sacro-saint trésor immatériel et patrimonial – devenu une véritable religion avec ses prophètes et ses livres saints – est ­désormais battu en brèche par les cris étouffés des peuples bâillonnés. Et ce avec la complicité des élites de ce même pays. 


 


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Abdelatif Elazizi