Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan : transmission, diversité et engagement

Le festival s’est imposé comme un rendez-vous incontournable, fidèle à sa mission d’origine : promouvoir les cinémas de la Méditerranée
La 30ᵉ édition du Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan (FCMT) se présente comme un jalon symbolique, trente ans après.
Cette nouvelle édition s’affirme non seulement comme une vitrine des cinémas du pourtour méditerranéen, mais aussi comme un espace de réflexion, d’échange et de formation. Fidèle à sa vocation première, le festival continue d’incarner la rencontre entre les cultures et la circulation des regards, au-delà des frontières.
Une programmation à plusieurs volets
La sélection officielle compte dix longs-métrages, fictions et documentaires issus de huit pays méditerranéens, en lice pour plusieurs distinctions : le Grand Prix de la Ville de Tétouan “Tamouda”, le Prix Mohamed Reggab, le Prix Azzeddine Meddour (première œuvre), ainsi que les prix d’interprétation féminine et masculine.
Ces films explorent une grande diversité de registres, de la fiction intimiste au documentaire social, tout en interrogeant les réalités politiques, humaines et esthétiques du bassin méditerranéen. À travers cette sélection, le FCMT poursuit sa mission de valorisation d’un cinéma libre et diversifié, ancré dans son époque mais profondément universel.
Rencontres, colloques et ateliers : le cinéma comme espace de transmission
Au-delà des projections, le festival s’impose comme un véritable laboratoire de réflexion. Cette édition met un accent particulier sur les colloques, rencontres et ateliers, confirmant l’importance accordée à la formation, à la transmission du savoir et à l’échange d’expériences entre professionnels et jeunes talents.
Parmi les thématiques majeures abordées figurent :
- « Femmes cinéastes en Méditerranée : la nouvelle vague », réunissant réalisatrices et productrices venues d’horizons variés ;
- « Comédies en Méditerranée : normes et écarts », consacrée à un genre souvent sous-estimé mais révélateur des sociétés ;
- et « Géopoétique du cinéma méditerranéen », conférence animée par le philosophe et universitaire marocain Mohamed Noureddine Affaya, autour du rapport entre espace, identité et création.
En parallèle, les “Ateliers de Tétouan” accompagnent des projets de longs métrages de fiction et de documentaires en développement, permettant à de jeunes auteurs d’affiner leur écriture et de bénéficier de l’expertise de professionnels reconnus.
Le festival déploie également un programme éducatif et inclusif destiné aux lycéens, étudiants et publics éloignés de la culture, avec des ateliers d’initiation au langage cinématographique, à la photographie ou à la scénographie. Des actions hors les murs sont aussi menées, notamment des projections et ateliers organisés dans des établissements scolaires ou au sein de la prison locale, témoignant d’un engagement social concret.
Hommages et ouverture sur le monde
L’édition 2025 a rendu hommage à deux figures majeures du cinéma méditerranéen : le réalisateur marocain Nabil Ayouch, salué pour la liberté et l’ancrage social de son œuvre, et l’acteur jordanien Eyad Nassar, dont la carrière illustre la vitalité du cinéma arabe contemporain. Les jurys, composés de réalisateurs, producteurs, scénaristes et critiques venus d’Italie, du Maroc, de France, du Portugal et d’Égypte, incarnent la diversité culturelle du bassin méditerranéen. Présidée par le réalisateur italien Leonardo Di Costanzo, la compétition réunit des sensibilités variées, à l’image du festival lui-même.
La projection inaugurale du film “Il ladro di bambini” (Le voleur d’enfants) de Gianni Amelio a rappelé la puissance émotionnelle et la portée sociale d’un cinéma humaniste, fidèle à l’esprit des grandes œuvres italiennes.
Un rendez-vous ancré dans sa ville et dans son temps
Depuis sa création en 1985 par l’association Les Amis du Cinéma de Tétouan, le festival s’est imposé comme un rendez-vous incontournable, fidèle à sa mission d’origine : promouvoir les cinémas de la Méditerranée et encourager la rencontre entre les peuples par l’image.
Tétouan, ville au patrimoine artistique et architectural singulier, s’est toujours distinguée par son effervescence culturelle. De la musique andalouse aux arts plastiques, elle incarne une tradition de création et de transmission que le festival prolonge à travers le septième art. En célébrant son trentième anniversaire, le FCMT réaffirme son rôle de lieu de convergence, de mémoire et de partage, où le cinéma devient le langage commun d’une mer aux mille visages.
Une célébration du cinéma et des liens humains
Trente ans après sa création, le Festival du cinéma méditerranéen de Tétouan continue d’incarner une ambition rare : faire dialoguer les peuples à travers le regard des cinéastes. Dans un contexte où la culture peine souvent à trouver les moyens de son rayonnement, cette édition anniversaire rappelle combien le cinéma demeure un vecteur d’unité, de mémoire et de transmission.
En conjuguant fidélité à son esprit fondateur et ouverture sur les nouveaux horizons esthétiques et technologiques, le FCMT affirme plus que jamais son rôle de passerelle entre les rives. À travers ses films, ses débats et ses ateliers, il célèbre la Méditerranée non comme une frontière, mais comme un espace vivant de création, de diversité et d’humanité partagée.
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