Du 8 février 1962 à aujourd’hui, 54 ans de mutisme

 Du 8 février 1962 à aujourd’hui, 54 ans de mutisme

Obsèques des 8 personnes tuées durant la manifestation anti OAS dans la nuit du 8 au 9-02-1962 à Paris. Les corps d’abord exposés à l’annexe de la Bourse du Travail


 


Le 8 février 1962, s'écrivait une des pages les plus noires de l'histoire parisienne. A cette date, se déroulait une manifestation pacifiste pour la Paix en Algérie qui s'est achevée dans le sang à la station de métro Charonne. Aujourd'hui, 54 ans plus tard jour pour jour, un rassemblement est organisé pour ne pas oublier ce massacre, qui n'a jamais été officiellement reconnu par l'Etat.


 


Contexte explosif


Le début des années 60 est des plus confus en France et notamment à Paris. Entre les opérations du FLN (Front de libération nationale) contre la police et les attentats de l'Organisation de l'armée secrète (OAS), dont le but était de maintenir l'Algérie française, la situation était explosive. C'est suite à une nouvelle attaque de l'OAS que le 8 février, est organisée par la CGT, une manifestation contre ces attentats terroristes de l'OAS et pour  la paix en Algérie. Interdite par la préfecture de Police de Paris, dirigée alors par Maurice Papon, la manifestation a été réprimée dans le sang par les forces de l'ordre à la station Charonne. Des témoins rapportent alors que les policiers auraient jeté des grilles en fonte sur les manifestants en fuite entre autres brutalités. Bilan : 8 morts et 250 blessés.


 


Qui sont les coupables ?


Le président de Gaulle, le ministre de l'Intérieur Roger Frey, le préfet de police Maurice Papon. De qui venait l'ordre de cette répression sauvage, toutes les hypothèses sont viables. Ce qui est sûr, c'est que quelques mois aprèsles massacres du 17 octobre 1961, un nouveau « massacre d'Etat » est perpétré.


Toutefois,la « manifestation de Charonne » ayant été portée par la gauche française, les réactions ont été plus rapides avec, notamment la constitution d'une commission d'enquête. Pour autant, comme pour le 17 octobre 1961, jusqu'à aujourd'hui, la France n'a jamais reconnu officiellement ces « massacres d'Etat » commis par sa police.


Une impunité policière qui reste de mise en 2016. Dernier exemple en date, l'acquittement du policier qui a tué Amine Bentounsi d'une balle dans le dos. Motif retenu : la légitime défense… Certes, entre le massacre du 8 février 1962 et la mort d'Amine Bentounsi, le lien est ténu mais bien réel et l'impunité policière reste la même.


 


F. Duhamel


Rassemblement aujourd'hui (8 février 2016) au Métro Charonne à 11h30, puis dépôt de gerbes à 13h00 au cimetière du Père Lachaise

root