ECAS 2015 : l’Afrique affranchie des clichés

 ECAS 2015 : l’Afrique affranchie des clichés

Crédit photo / ecas2015.fr


 


L'Afrique est un continent dynamique. C'est clairement le message de la sixième conférence européenne des études africaines (ECAS) qui aura lieu pour la première fois en France (du 8 au 10 juillet), et plus exactement à Paris. Co-organisée par l'Institut des mondes africains (IMAF) et Les Afriques dans le monde (LAM), sous l'égide du réseau AEGIS (Africa-Europe Group for Interdisciplinary Studies), cette année l'ECAS a pour thème les « Mobilisations collectives en Afrique : contestations, résistances et révoltes ». L'objectif est de casser les clichés et combattre l'afro-pessimisme.


 


Les migrations


Le continent africain est au cœur de l'actualité depuis plusieurs années, entre les révolutions arabes, les conflits dynastiques, l'Afrique est sous les feux de la rampe. Ces dernières semaines, la question des migrations et notamment de la traversée de la Méditerranée est revenue à la face de l'Union Européenne. Un panel de chercheurs décryptera la façon dont sont vus les migrants, tant dans les pays d'accueil que dans les pays de départ. Le regard de ces derniers a bien changé ne considérant plus les candidats à l'exil comme étant des fuyards : « Il en ressort une note positive, un espoir quand nous pensons au déferlement actuel des idéologies identitaires et à la manière dont l'Europe considère et tient en peu d'estime la vie des migrants » selon Françoise Bloom, ingénieure de recherche au CNRS, spécialiste d'histoire africaine.


 


Combats de femmes ou femmes de combats ?


Si la présence et l'engagement des femmes, notamment dans les révolutions arabes, n'est plus à démontrer, il semble que l'on veuille cantonner leurs actions à la « protection de leur progéniture », l'instinct maternel. Pour Ophélie Rillon, chercheuse post-doctorante à l'IMAF, spécialiste de l'histoire du genre et des luttes sociales et politiques : « Certaines interprétations dépolitisent et « déshistorisent » l'engagement féminin qui ne trouverait son sens que dans un rôle social et biologique de mère assigné aux femmes.Donc seul le langage du ventre, entendu comme utérus, et non celui de la raison conçue comme politique et masculine, ferait bouger les femmes en Afrique ». Lors de l'ECAS, un panel approfondira ces questions dans la droite ligne du travail de la scientifique qui s'attache à déconstruire ces représentations pour documenter sur les femmes militantes et restituer « l'historicité des luttes féminines ».


 


Luttes et culture


Pour la première fois, l'ECAS se doublera d'un volet culturel (du 5 au 12 juillet) nommé Africa Acts. Cet événement sera consacré à la performance artistique en Afrique et accueillera de nombreux artistes parmi les plus originaux et engagés du monde africain. Musiciens, danseurs, comédiens, cinéastes, graffeurs, tous iront dans la même direction : « Ils vont se rencontrer autour de la performance comme un moyen de poser un regard sur l'Afrique, affranchi des clichés qui caractérisent, très régulièrement, les représentations du continent » selon Dominique Malaquais, historienne d'art et politiste, chargée de recherche CNRS à l'IMAF et organisatrice de l'événement.


Déjà 1500 personnes se sont inscrites à cette sixième conférence européenne des études africaines (ECAS),une manifestation au succès grandissant. Un événement permettant le dialogue des chercheurs européens avec les chercheurs africains mais aussi américains, canadiens et asiatiques. Une preuve de plus, s'il en fallait une, que l'Afrique est « un continent au cœur de la globalisation, résolument tourné vers le futur ».


 


F. Duhamel

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