Le maire de Chevigny-Saint-Sauveur va supprimer les menus de substitution à la cantine

 Le maire de Chevigny-Saint-Sauveur va supprimer les menus de substitution à la cantine


Le maire de Chevigny-Saint-Sauveur, près de Dijon, a décidé de supprimer, à la rentrée, les menus de substitution dans les cantines de la commune, au nom de la laïcité, une décision qui inquiète les associations, a-t-on appris mardi de sources concordantes. Les parents d'élèves en ont été informés sur les dossiers d'inscription à la cantine.


« Dans le cadre du principe de laïcité, un menu unique est proposé. Aucun repas de substitution ne sera prévu, sauf en cas d'allergies alimentaires et sur validation d'un Projet d'accueil individualisé », indique le formulaire d’inscription à la cantine reçu par les parents de Chevigny-Saint-Sauveur. Les jeunes musulmans, juifs et végétariens n’auront plus accès à d’autres sources de protéines les jours où seront servis des plats contenant du porc.


« Aujourd'hui, on nous parle de laïcité d'une manière généralement anti-musulmane », a dénoncé Paul Garrigue, président d'un collectif regroupant une dizaine d'associations, dont la Ligue des droits de l'Homme et Amnesty International. « Nous voyons la laïcité comme un outil de tolérance et de vivre ensemble et pas d'exclusion, pour qu'un élève, s'il a chez lui un interdit sur le porc, se sente à l'aise à la cantine », a-t-il ajouté.


 


Recours en justice envisagé


Le collectif envisage un recours devant la justice administrative, mais s'interroge sur « l'absence de décision officielle ». Il espère une « délibération » du Conseil municipal de Chevigny Saint-Sauveur. Joint par l'AFP, le maire LR de cette commune de 10 000 habitants, Michel Rotger, n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet. « J'applique la recommandation de l’Association des maires de France (AMF) », avait-il déclaré début juin dans les colonnes du Bien Public. En novembre 2015, l'AMF avait publié un guide de « bonne conduite laïque » à destination des élus locaux, qui écartait notamment les « menus confessionnels » dans les cantines.


« Nous mettons en place une opération pour que les enfants mangent de tout et équilibré. Il y a trop de gaspillage. On va leur réapprendre à manger de la viande, que ce soit de la volaille ou du porc », avait ajouté M. Rotger.


En 2015, le maire de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) Gilles Platret (LR) avait déjà créé une polémique en supprimant le menu de substitution au porc dans les cantines scolaires de la commune. Le tribunal administratif de Dijon doit se prononcer sur un recours de la Ligue de défense judiciaire des musulmans, qui conteste la légalité de cette suppression. La juridiction avait rejeté deux recours en référé en 2015 pour défaut d'urgence.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif