Le maire FN de Fréjus veut que les artistes gardent les enfants en échange de leurs locaux

 Le maire FN de Fréjus veut que les artistes gardent les enfants en échange de leurs locaux

La mairie de Fréjus veut faire travailler bénévolement les artistes qui permettent à la ville d’avoir le label de ville d’art et d’histoire.


La chaleur monterait-elle à la tête des élus frontistes cet été ? Après le maire FN de Beaucaire qui tente de perturber l’activité des commerçants musulmans, c’est au tour de la mairie de Fréjus (Var) de s’attaquer aux artistes de sa ville. La municipalité varoise envisage de demander à une quinzaine d’artistes et d’artisans d’art installés dans des locaux qu'elle leur loue à prix modérés de participer en contrepartie, bénévolement, à l’accueil d'enfants de maternelles et d’écoles élémentaires.


 


Garde d’enfants contre loyer


« La ville finance en grande partie le loyer d’un certain nombre de ces dames et messieurs. Il y a un minimum de retour. Le débat va s’arrêter ici : soit cela se passe bien et tout le monde est d’accord pour participer, soit je mets un terme à cette histoire où l’on paye des loyers à tout le monde », a annoncé, le sénateur-maire Front national (FN) de Fréjus, David Rachline.


Les artistes concernés bénéficient de conditions favorables, avec des loyers mensuels à 2,50 euros le mètre carré dans la vieille ville de Fréjus. Leur ancienne convention d’occupation, arrivée à échéance le 30 juin, ne mentionnait pas l’obligation de participer à des activités périscolaires. La convention qui va leur être proposée a donc été modifiée par la municipalité, ce qui est légal, de manière à faire apparaître l'obligation de participation aux « actions pédagogiques organisées par la ville » dans leurs locaux.


« La municipalité a décidé de nous faire travailler à l’oeil, ils veulent qu’on garde les enfants gratuitement ! », s’insurge Olivier Isselin, photographe d’art. Celui-ci, qui envisage désormais de quitter les lieux. « Le problème, c’est que nous ne sommes pas formés à l’accueil d’enfants aussi petits, souligne-t-il. Et comment s’engager de la sorte alors que nous devons souvent nous absenter pour participer à des expositions ou tout simplement faire notre travail ? »


 


Surprise et incompréhension des intéressés


Emmanuel Bonnemain, avocat du barreau de Draguignan, s’est penché sur ce dossier à la demande des artistes. « La plupart sont déjà dans une situation financière délicate, explique-t-il. Là, on leur impose une charge supplémentaire, puisqu’ils vont travailler bénévolement sur leur temps de création. Il est prévu aussi que les enfants soient accueillis dans les locaux des artistes. Mais qui va payer l’assurance et le matériel que les scolaires vont bien devoir utiliser ? »


L’avocat souligne aussi que ces quinze artistes et artisans d’art sont regroupés avec d'autres au sein d’un « circuit des métiers d’art ». « Or, explique-t-il, c’est grâce à ce circuit que Fréjus a le label de ville d’art et d’histoire ; un label qui permet de classer l’office du tourisme en catégorie 4 étoiles ».


« Ces artistes bénéficient de conditions d’occupation très favorables avec des loyers modiques, pour ne pas dire plus. En retour, on attend qu’ils contribuent à la vie culturelle et artistique de Fréjus. D’ailleurs, certains d’entre eux participent déjà à des activités périscolaires au profit de la commune voisine de Puget-sur-Argens », explique Richard Sert, premier adjoint à la mairie de Fréjus. « Exact, relève Me Bonnemain, mais en échange d’un revenu de 25 euros de l’heure, et avec un accueil des enfants qui se fait dans les écoles, et sous la responsabilité des chefs d’établissement ».


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif