Les frontières et l’Histoire du monde arabe

 Les frontières et l’Histoire du monde arabe

IMA / Manuel Cohen / MCOHEN / AFP


La France et le monde arabe partagent une histoire aussi longue que riche. Du 18 au 21 mai, la troisième édition des Rendez-vous de l'Histoire du monde arabe tâchera d'analyser et de faire comprendre la problématique des frontières. Si les questions liées aux frontières géographiques sont terriblement d'actualité, de nombreuses sortes de frontières seront également mises en lumière.


Comprendre l'autre


Le temps de quatre journées, historiens, écrivains, sociologues, artistes, responsables politiques et bien d'autres participeront à des débats, des conférences, des expositions… C'est donc une grande « université populaire », qui prendra place comme les années précédentes à l'Institut du Monde Arabe (IMA) et qui regroupera de multiples événements tendus vers un objectif : une meilleure compréhension mutuelle entre la France et le monde arabe. Jack Lang, président de l'IMA, rappelle cet enjeux fondamental : « Seul le rappel de la richesse artistique, philosophique, scientifique, religieuse, politique de nos histoires respectives, de nos différences aussi, nous permettra d'éviter l’incompréhension et le repli sur soi afin que nous puissions poursuivre cette aventure commune ».


 


Frontières


Le thème de cette troisième édition des  Rendez-vous de l'Histoire du monde arabe est donc « Frontière(s) ». Vaste sujet s'il en est, donc il est largement question aujourd'hui, notamment concernant les efforts faits les pays de l'Union européenne visant à l'étanchéité de la frontière entre le vieux continent et les pays du sud de la Méditerranée d'où affluent des tentatives désespérées de rejoindre les pays du nord.


Historiquement, les pays colonisateurs européens ont également tracé des frontières géographiques arbitrairement qui, encore aujourd'hui, sont sources de conflits. Pourtant, comme le rappelle Béatrice Giblin, professeur émérite de l'Institut français de géopolitique (Université Paris 8), la longue histoire des frontières du monde arabe « ne se limite pas à la seule période des empires coloniaux britannique et français » : « la frontière entre le Maroc et l’Algérie est une très vieille frontière (XVIe siècle) mais son ancienneté n’empêche nullement qu’elle soit fermée depuis 1994 et même que chaque Etat construise un mur pour arrêter, selon les Marocains, « les réseaux terroristes, le trafic de drogue, la contrebande et l’immigration clandestine » et selon les Algériens, l’immigration clandestine d’Africains sub-sahariens qui passent par le Maroc ».


 


Frontières diverses


Quatre jours de débats, conférences et autres pour décortiquer, analyser, déconstruire les idées reçues et élargir le champ de vision. Les problématiques de migration liées aux frontières seront inévitablement abordées, notamment avec le débat « Immigration, citoyenneté et intégration » (18 mai). Il ne s'agira pas uniquement de parler des frontières géographiques mais aussi de frontières confessionnelles et identitaires : « Syrie : Déplacements et recompositions des frontières confessionnelles, identitaires et politiques » ou encore « Les frontières doctrinales en islam, entre


construction et déconstruction » (19 mai).


Les frontières peuvent également séparer un pays (« Algérie : des populations séparées, 1830-1945 ») ou être à la base d'un conflit ayant des conséquences historiques (« Mémoires israéliennes et palestiniennes, mémoires de la guerre d’Algérie : des frontières pour l’histoire ? »).


L'incidence de la moralité peut également être considérée comme une frontière (« Frontières des (mauvais) genres dans le monde arabe: cinéma, BD, érotisme, anticipation »).


Quatre journées qui permettront de mieux appréhender et d'avoir un regard neuf sur la question des frontières, question centrale dans les relations entre la France et le monde arabe, mais également dans la géopolitique mondiale.


CH. Célinain


Charly Célinain