Marine Le Pen devant le tribunal pour avoir comparé les prières de rue à l’Occupation

 Marine Le Pen devant le tribunal pour avoir comparé les prières de rue à l’Occupation

Une comparution qui met à mal la stratégie de dédiabolisation de la présidente du parti d’extrême droite.


En décembre 2010, lors de la campagne pour la présidence du Front national qui l’oppose au Lyonnais Bruno Gollnisch, Marine Le Pen se lance dans une tirade qui ne passe pas inaperçue en comparant les prières de rue à l'Occupation. Cette sortie lui vaut de comparaitre ce mardi devant le tribunal correctionnel de Lyon. Elle encourt une peine d'un an d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.


 


Une occupation sans blindés ni soldats


« Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça, c'est une occupation du territoire », avait déclaré Mme Le Pen sous les applaudissements de militants du parti à la salle du parc de la Tête d'Or.


Et d'ajouter : « C'est une occupation de pans du territoire, des quartiers, dans lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation. Certes, il n'y a pas de blindés, pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants ».


 


Le FN, un parti normal ?


Alors en pleine tentative de dédiabolisation du FN, cette saillie au ton inhabituelle chez la patronne de l’extrême droite lui vaut sa première convocation à la barre pour « provocation à la discrimination, à la violence ou à la haine envers un groupe de personnes à raison de leur appartenance à une religion ». Son père, tribun sulfureux de 87 ans, est lui coutumier du fait. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a été exclu cet été du parti qu'il a cofondé, après une série de nouvelles déclarations sur la Shoah jugées pénalisantes pour la stratégie de normalisation du FN.


Marine Le Pen sera bien là mardi, assistée de son avocat, Me David Dassa Le Deist. Elle doit arriver peu avant l'audience qui commencera à 14 h devant la 6e chambre, celle de la presse, du tribunal de grande instance de Lyon. « Je ne vais pas rater une telle occasion », avait-elle ironisé il y a un mois à l'annonce de son renvoi devant la justice. Sur le fond, la présidente du parti d'extrême droite avait déjà laissé entendre sa ligne de défense : elle parlait d'« occupation » qu'avec un petit « o » sans faire référence à la Seconde Guerre mondiale.


 


4 associations constituées en partie civile


Mais pour le Conseil français du culte musulman (CFCM), « en comparant les Français de confession musulmane aux nazis, Mme Le Pen a porté atteinte à leur honneur et a pris des raccourcis avec l’histoire ». Ce sont « de tels propos souvent tenus par certains hommes politiques de tous bords qui alimentent le climat de l'islamophobie ambiant dans lequel on vit actuellement », dénonce le secrétaire général du CFCM et président de l'Observatoire national contre l'Islamophobie, Abdallah Zekri.


L'Observatoire s'est constitué partie civile aux côtés de trois autres plaignants : le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), le Mrap et la Ligue judiciaire de défense des musulmans. La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a indiqué lundi qu'elle allait demander lors de l'audience à rejoindre les parties civiles.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif