Mosquée contre crèche, Nice sous haute tension

 Mosquée contre crèche, Nice sous haute tension

Visite de « pré-réception des travaux de l’institut En-Nour Nice La Plaine »


 


Le torchon brûle entre Christian Estrosi et l’association musulmane locale En-Nour. En cause, un local prévu pour « une mosquée » pour les uns, pour « une crèche » pour les autres.


 


A l’approche des régionales, l’ambiance devient électrique entre le député-maire de Nice Christian Estrosi et l’association cultuelle musulmane En-Nour à Nice. Les deux parties se disputent un local, détenu par un propriétaire saoudien. L’association, dirigée par l’imam Mahmoud Benzamia, continue d’affirmer que la salle de prière va ouvrir. Une visite a d’ailleurs été organisée dans ce sens jeudi dernier (17 septembre).


Un acharnement qui a rendu vert de rage le maire de Nice qui a déclaré avoir « alerté le préfet et signifié au propriétaire et à l’association les risques encourus ».


 


Autorisée ou pas ?


L’histoire remonte à 1989 où le permis initial (pour l’association) prévoyait une surface totale de 570m2. En 2002, le permis déposé pour la réalisation d’une salle de prière se basait sur une surface existante de 945m2. « Aucune autorisation n’a pourtant été délivrée durant ce laps de temps pour justifier d’une telle augmentation » déclarait Christian Estrosi.


Une version démentie par l’avocat de l’association, « les travaux ont été réalisés dans la légalité et conformément aux autorisations données – notamment celle du 8 juin 2002 – et conformément aux règles de l’art, sous la direction d’un architecte et sous couvert d’un organisme de contrôle indépendant ».


Une version encore contredite par Christian Estrosi, « en 2012, les travaux sont commencés et un affichage est réalisé en l’absence d’autorisations. De plus, il était impossible de régulariser les augmentations de surfaces constatées, puisque dans le périmètre du PLU, elles sont interdites au-delà de 30% de la surface ».


 


Une course contre la montre


Officieusement, Christian Estrosi se méfierait de cette association qui aurait reçu des financements occultes en provenance d’Arabie Saoudite. Voyant d’un mauvais œil l’arrivée d’une salle de prière dans sa ville tenue par des musulmans « indépendants » il aurait décidé de contrattaquer en imposant la création d’un équipement pour la petite enfance dans ce local, « un courrier du 14 septembre dernier de la préfecture qui a émis un avis favorable au projet, déclarée d’utilité publique (DUP, adopté en octobre 2013 par le conseil municipal), et donc pour le lancement de l’enquête publique. L’Agence régionale de santé nous suit, elle aussi » a-t-il annoncé fièrement.


Vendredi dernier, la délibération complémentaire présentée au conseil municipal visait à compléter cette DUP « pour obtenir l’avis favorable anticipé du préfet. Elle précise le périmètre du projet » et fixe le coût du rachat selon l’estimation des Domaines à 1,3M d’euros.


La précipitation du maire de Nice a surpris l’opposition de gauche qui a préféré s’abstenir, « cela n’aboutira pas avant des mois ou des années. Construisez cette crèche urgemment sur un site disponible. Et donc cette DUP ne se justifie pas ! » a réagi dans Nice-Matin, Patrick Allemand, président du groupe de gauche, « un autre avenir pour Nice ».


En attendant de savoir qui prendra possession des lieux, chacun joue des coudes pour tenter de ne pas se laisser distancer dans cette bataille juridico-cultuelle.


 


Jonathan Ardines

Jonathan Ardines