Une vente aux enchères de Libération et RSF annulée en raison de pressions israéliennes

 Une vente aux enchères de Libération et RSF annulée en raison de pressions israéliennes


Une vente aux enchères organisée par Libération au profit de Reporters sans frontières (RSF) a été annulée en raison de la demande de retrait d’une œuvre par l'ambassade d'Israël en France. L’image en question fait un parallèle entre Nelson Mandela et Marwan Barghouti, leader palestinien actuellement emprisonné en Israël.


 


Barghouti, Mandela et le concept de résistance


La direction du journal a décidé en partenariat avec RSF d’annuler la vente caritative qui devait se tenir le 27 janvier. Libération mettait aux enchères 36 de ses unes revisitées par des artistes de renom. Or, l’une d’elles, sur laquelle l'artiste Ernest Pignon-Ernest mentionne Mandela à côté d’une image de Marwan Barghouti, a déplu aux autorités israéliennes.


À l’origine, ce numéro de Libération 12 novembre 2004 titrait sur la mort de Yasser Arafat. En une figurait alors la photo d’un keffieh, foulard à damier symbole de la Palestine, avec la mention « Et maintenant ? ». Invité à personnaliser cette une, Ernest Pignon-Ernest y a incrusté le visage de Marwan Barghouti, l’un des leaders de la résistance palestinienne, accompagné d’une légende : « En 1980, quand j’ai dessiné Mandela, on m’a dit que c’était un terroriste. »


 


La maison de ventes cède à la pression


L’ambassade d’Israël à Paris a demandé à la maison de ventes aux enchères Artcurial le retrait de ce lot en le comparant à un « projet terroriste ». Demande qui a été acceptée par le prestataire, mettant en avant un risque sécuritaire, contre l’avis de Libération et de RSF. « Dans le contexte des récents attentats et de la prorogation de l'état d'urgence », le maintien dans la vente de cette œuvre constituerait une « source potentielle de trouble à l'ordre public », a déclaré Francois Tajan, président délégué d'Artcurial, cité par l'AFP.


Conséquence : « la collaboration entre Artcurial, Libération et RSF s’est interrompue. De nouvelles solutions pour maintenir cette vente à visée caritative sont à l’étude », indique le journal dans un article mis en ligne jeudi soir. « Nous mobilisons nos réseaux pour trouver une autre maison de ventes qui acceptera de prendre l'intégralité des artistes, condition de la tenue de cette vente », a indiqué Reporters sans frontières dans un communiqué.


« Je suis étonné qu'une ambassade étrangère puisse décider de ce que l'on expose ou pas. Et qu'une maison de ventes cède aux pressions », a déclaré pour sa part Ernest Pignon-Ernest à Libération.


Rached Cherif

Rached Cherif