Violences policières : justice pour Amadou, Amine et tous les autres

 Violences policières : justice pour Amadou, Amine et tous les autres

Au centre


 


Vies enlevées, policiers relaxés. Les morts se suivent et le refrain reste le même. A l'occasion de la journée internationale contre les violences policières (19 mars), les familles de victimes et collectifs appelaient à se mobiliser afin d'obtenir la justice pour les victimes de crimes policiers. Les années passent, le nombre de victimes grossit tandis que les policiers incriminés ne sont eux, toujours pas inquiétés.


 


 


Le cas Amadou Koumé


Cette année, le cortège avait pour point de départ gare du Nord. L'année dernière, le 6 mars 2015, au même endroit, une nouvelle victime a péri entre les mains de la police. Ce jour-là, Amadou Koumé était dans un bar traînant sa mélancolie. Un serveur appelle la police parce que ce dernier « dérangeait ». Police puis BAC interviennent. Clé d'étranglement. Selon des témoins Amadou Koumé n'a pas résisté et laissait échapper des cris d'agonie et d’essoufflement.


Traîné vers la sortie, menotté, il est bien sorti vivant du bar. La suite c'est sa veuve, Jessica Koumé, qui la raconte : « A minuit et demi, il est mis dans le camion pour être transporté dans un commissariat qui se trouve à 600 mètres. Il a été déclaré mort 2h30 après sa prise en charge. Que s'est-il passé pendant deux heures ? Il ne faut pas deux heures pour faire 600 mètres. ».


Malgré un rapport d'autopsie accablant (œdème pulmonaire survenu dans un contexte d'asphyxie, traumatisme facial et cervical, nombreux hématomes), le procureur n'a ouvert aucune instruction comme le voudrait la procédure en cas d'homicide. Ce n'est qu'un an plus tard, grâce à l'acharnement de Jessica Koumé, qu'un juge instruction va finalement ouvrir ce dossier. C'est bien loin d'être une victoire pour la veuve : « Je ne serai contente que quand les policiers seront inculpés ».


 


Au-dessus des lois


Membre du collectif « Urgence notre Police assassine », Amal Bentounsi a vu, le 15 janvier 2016, le policier ayant tué son frère, Amine Bentounsi, d'une balle dans le dos, être relaxé. Sa détermination pour obtenir vérité et justice pour son frère, et toutes les autres victimes, n'en est que décuplée : « Nous avons des policiers qui se sentent au-dessus des lois, des policiers qui insultent et tabassent, sans jamais être inquiétés par la justice. Et avec cet état d'urgence, ce projet de loi, il y a un danger imminent ».


Dans la continuité de l'état d'urgence, les collectifs rappellent que « le projet de loi dit de simplification de la procédure pénale introduit l'« état de nécessité », qui autorise un policier à tirer sur une personne présumée dangereuse même s'il n'est pas directement menacé ». Une perspective qui n'enchante guère  les collectifs contre les crimes policiers qui parlent d'une véritable « légalisation du permis de tuer » qu'il ne faut pas laisser passer : « Nous sommes ici pour tirer un signal d'alarme très fort, parce que aujourd'hui c'est nous, mais demain ça peut être n'importe qui d'entre vous ».


 


F. Duhamel


 

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