Wahid : « la scène me sert de psychanalyse »

 Wahid : « la scène me sert de psychanalyse »

crédit photo : C. Manzini


Après le cinéma (“Alad’2” avec Jamel) et le théâtre (“La Grande Evasion”), l’humoriste et comédien présente son troisième one-man-show, “Graisse Anatomy”. Un regard cocasse et tendre sur son vécu, les préjugés, les rapports de couple… 


Le titre de votre spectacle affiche l’art de l’autodérision. C’est important de savoir rire de soi ?


Oui, sinon quelle légitimité à tailler une veste aux autres si on ne commence pas par soi ? Je veux dire aux gens qu’il ne faut pas me regarder bizarrement parce que je suis gros, car je vais très bien. Je me sens beau gosse, j’aime m’habiller, m’apprêter, plaire. Et on est beau dans son cœur, dans son âme. En Afrique, être bien portant est associé à la réussite sociale. Au Japon, je suis un demi-dieu ! J’accepte les différences des autres, alors qu’on accepte les miennes. Je ne comprends pas la “grossophobie”. Chaque semaine, on invente une nouvelle phobie ! Ça donne des munitions aux imbéciles. Dans mon spectacle, je parle aussi de mon univers, mon divorce, mon ex qui m’annonce par texto qu’elle va se marier. Je m’amuse des différences entre les hommes et les femmes… Comme elles, je suis aussi très romantique, je pleure devant un film d’amour !


 


Il y a ce moment court, mais émouvant, sur vos parents…


J’ai besoin d’en parler, car je n’ai pas encore fait le deuil de leur dispartion. Je les ai perdus quand j’avais 15 ans, à deux mois d’intervalle. A l’époque, j’ai commencé le théâtre pour me décomplexer, mes sœurs ont essayé de me faire consulter des psys, mais ça n’a pas marché. La scène me sert de psychanalyse. Elle me permet de ne plus être seul dans ma souffrance, d’ouvrir mon cœur, de partager mes joies et mes peines. L’humour me rapproche des gens, qui m’aident par leur rire, leur présence. C’est grâce à eux, à leur écoute, à leur amour, à leurs applaudissements que je continue ce métier et rentre chez moi aux anges le soir. Entre 1 million d’euros et une “standing ovation”, je choisis la seconde !


 


Aborder la politique ou des sujets de société “brûlants” ne vous intéresse pas ?


Non. La politique change tout le temps, et me positionner contre quelqu’un ne me dit rien. Je préfère un rire universel sur des choses communes à tous. Ce n’est ni mon rôle, ni mon désir de prendre parti. Il y a une violence dans les sujets comme le racisme, la religion, la politique : certains en sont morts, d’autres en souffrent. Il vaut mieux combattre le racisme en se mobilisant dans des réunions et des manifestations, plutôt que d’en parler sur scène pour amuser les gens.


 


Quelles sont ces rencontres avec des footballeurs que vous préparez pour la télé ?


On parlera d’autre chose que de football : de culture, de mode… Cette année, être champions du monde nous a rendu fiers d’être français, c’est d’ailleurs le seul moment où on l’est ! Cette équipe reflète le pays. Une France des différences unie pour gagner, forte de sa diversité, c’est extra­ordinaire ! 


 


GRAISSE ANATOMY de Wahid, jusqu’au 26 décembre, à l’Apollo Théâtre, 18, rue du Faubourg-du-Temple, Paris XIe, 

La rédaction du Courrier de l'Atlas