Immigration : l’Europe complice de « l’enfer » libyen selon un rapport

 Immigration : l’Europe complice de « l’enfer » libyen selon un rapport

Migrants illégaux et réfugiés subsahariens sur la côte de Tajoura après avoir été arrêtés en mer Méditerranée par les garde-côtes libyens. 16 mai 2016. Narciso Contreras / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Un nouveau rapport accable la coopération européenne avec la Libye en matière de contrôle de l’immigration et des frontières.

 

Droits bafoués

Quand elles ne meurent pas en mer Méditerranée, les personnes migrantes voient leurs droits bafoués quand elles sont renvoyées de force en Libye. Un nouveau rapport d’Amnesty International (15 juillet) met en lumière les nombreuses violences commises à l’encontre des personnes migrantes interceptées en Méditerranée.

Le rapport montre les conséquences de la coopération européenne avec la Libye en matière de contrôle de l’immigration et des frontières. Et notamment au sein des centres relevant de la Direction de la lutte contre la migration illégale (DCIM), où, selon plusieurs témoignages, les gardiens contraignent notamment les femmes « à des rapports sexuels en échange de nourriture ou de leur libération » et où hommes, femmes et enfants sont victimes de violations.

Garde-côtes dangereux ?

Selon Amnesty International, ce sont déjà 15 000 personnes qui ont été reconduites en Libye par les garde-côtes libyens, soutenus par l’Union européenne (UE), entre janvier et juin 2021. En six mois, le nombre des reconductions a déjà dépassé celui de toute l’année 2020. Et ce, quand les candidats à l’exil ont la chance de pouvoir revenir sur la terre ferme.

Dans le rapport, plusieurs témoignages indiquent que les garde-côtes libyens endommageaient les embarcations de personnes migrantes, les faisant parfois chavirer. Selon l’ONG, sur les six premiers mois de 2021, plus de 700 personnes réfugiées ou migrantes se sont noyées en Méditerranée centrale.

Europe complice ?

« Ce rapport souligne également la complicité persistante des États européens, qui continuent honteusement d’aider les garde-côtes libyens à intercepter des personnes en mer et à les renvoyer de force dans l’enfer de la détention en Libye, alors qu’ils ont parfaitement connaissance des horreurs que ces personnes vont subir » explique Diana Eltahawy, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

L’ONG appelle les États européens à « suspendre toute coopération avec la Libye en matière de contrôle de l’immigration et des frontières ».

 

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Charly Célinain