Le FMI en Tunisie pour un nouveau round de négociations dans un pays en crise

 Le FMI en Tunisie pour un nouveau round de négociations dans un pays en crise

Des négociatieurs du FMI sont en Tunisie pour éventuellement débloquer une aide financière alors que le pays traverse une grave crise économique et politique.

Une délégation du Fonds monétaire international (FMI) est en visite en Tunisie depuis ce lundi, selon une porte-parole de l’institution. Une information confirmée par la Banque centrale tunisienne. Au menu : de nouvelles négociations pour débloquer une aide financière alors que le pays s’enfonce dans une crise économique, sociale et politique.

« Le FMI reste un partenaire d’importance pour la Tunisie », a déclaré la porte-parole du Fonds sans autre précision. L’objet de cette mission est de « lancer officiellement les négociations avec les autorités tunisiennes », avait indiqué plus tôt à l’AFP le responsable tunisien, parlant sous couvert d’anonymat.

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Le FMI conditionne l’octroi d’un prêt à la mise en œuvre de profondes réformes. L’équipe de négociateurs doit discuter avec les autorités tunisiennes du plan proposé en ce sens par le gouvernement de la Première ministre Najla Bouden. Selon des experts, le montant du prêt en question se situe autour de deux milliards d’euros.

 

Crises multiples

La Tunisie a sollicité ce prêt pour l’aider à faire face à une grave crise financière qui a empiré après le coup de force du président Kais Saied en juillet 2021. En effet, depuis qu’il concentre l’essentiel des pouvoirs entre ses mains, l’homme fort de la Tunisie n’a pas semblé beaucoup s’intéresser aux urgences économiques. De plus, le référendum pour l’approbation d’un projet de constitution ultra conservateur, qui doit se tenir le 25 juillet, attise la crise politique au moment où les finances publiques sont au plus mal.

Dans l’espoir d’obtenir un prêt, le gouvernement a toutefois soumis un plan de réformes. Celui-ci reprend certaines recommandations du FMI. Il prévoit notamment un gel de la masse salariale de la fonction publique, une réduction des subventions et une restructuration des entreprises publiques.

En recevant le 21 juin Jihad Azour, directeur Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, le président Saied avait reconnu la « nécessité d’introduire des réformes majeures ». Tout en réclamant que celles-ci « tiennent compte des dimensions sociales ». Mais, la puissante centrale syndicale UGTT a rejeté les réformes que souhaite le FMI.

 

Surendettement et insolvabilité ?

Une équipe du FMI était à Tunis en mars et avait pointé « les défis structurels majeurs » du pays. Elle constatait « des déséquilibres macroéconomiques profonds, une croissance très faible malgré son fort potentiel, un taux de chômage trop élevé, un investissement trop faible, et des inégalités sociales ». Quelques semaines plus tard, l’institution faisait preuve de moins de diplomatie en évoquant une situation économique « désastreuse ».

À ces difficultés majeures s’est ajouté l’impact de la guerre en Ukraine qui provoque une flambée des prix agricoles, l’Ukraine et la Russie étant les principaux fournisseurs de blé du Maghreb.

La Tunisie a bénéficié de deux opérations de prêt précédentes du FMI au cours des dernières années. Mais, les 1,7 milliard de dollars en 2013 et 2,8 milliards de dollars en 2016 n’ont eu que peu d’effet sur le redressement des finances publiques du pays. La dette publique a par ailleurs franchi le cap symbolique des 100% du PIB, alors que les agences de notation multiplient les alertes sur la solvabilité de la Tunisie.

Rached Cherif