Les réseaux franco-maghrébins des candidats : atouts politiques ou simples faire-valoir ?

 Les réseaux franco-maghrébins des candidats : atouts politiques ou simples faire-valoir ?

Présidentielles 2022 – Magali Cohen / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Dans quelques jours les électeurs français sont invités à se déplacer pour élire celui ou celle qui les gouvernera durant les cinq prochaines années. Douze candidats se présentent, et la majorité bénéficie d’un sérieux réseau franco-maghrébin. Le Courrier de l’Atlas s’est penché sur leur rôle, simples faire-valoir ou atouts politiques ? Début de réponse.

 

EMMANUEL MACRON

Qui se rappelle de cette fameuse soirée convoquée au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2017 ? Emmanuel Macron faisait salle comble dans une enceinte du XIIIe arrondissement de Paris. Pour appeler à faire barrage contre Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, l’équipe de campagne du futur président de la République avait pris soin de mettre en avant ses meilleures recrues, choisies dans la crème de la communauté maghrébine.

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Bariza Khiari. THOMAS SAMSON / AFP

Bariza Khiari, Franco-Algérienne, fut l’une des premières à embarquer dans le bateau d’En marche !, alors que personne ne misait un sou sur le nouveau venu de la scène politique française. Cette ancienne sénatrice socialiste constitue, avec l’islamologue Ghaleb Bencheikh (lui aussi était présent à la fameuse soirée), l’une des plus belles prises. Figure connue de la politique française, elle est surtout une éminente spécialiste de l’Islam, en particulier du soufisme, une spiritualité vivante qui, contrairement à l’islamisme, n’est pas en conflit avec les valeurs de l’Occident.

Il y avait aussi Claire-Tassadit Houd, qui avait perdu sa sœur, Djamila Houd, dans les attentats de Paris en novembre 2015. Ce drame avait incité Claire-Tassadit Houd à signer avec un collectif d’intellectuels issus de la diversité, un appel dans Le Monde et La Tribune intitulé “Nous sommes au premier rang pour protéger la République”. Pressenti pour être de la partie, l’historien Benjamin Stora, proche lui aussi d’Emmanuel Macron, se contentera d’un soutien à travers un message. Depuis, ils furent nombreux à rejoindre la task force de celui qui fut élu haut la main président de la République. Et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ses prises de position n’ont pas découragé plusieurs figures de la “maghrébinité” de rejoindre le patron d’En Marche dans une nouvelle aventure.

A la veille de l’élection présidentielle de 2022, le Président a chargé l’écrivain franco-algérien Karim Amellal de lancer une initiative citoyenne appelée “Pluriel”. L’idée est de rassembler autour d’Emmanuel Macron des personnalités issues de la diversité, attachées “aux valeurs de la République, à la promesse d’inclusion et d’émancipation sociale”. C’est Karim Amellal qui le lui a suggérée. Cet ambassadeur pour la Méditerranée est un fidèle du chef de l’Etat avec qui il a partagé les bancs de Sciences Po.

Militants de la société civile

Karim Amellal, candidat LREM malheureux lors des municipales 2020 dans le Xe arrondissement de Paris, n’est pas le seul binational à porter le projet “Pluriel”. On y retrouve aussi les députées Fiona Lazaar, Laëtitia Avia, des militants de la société civile comme l’éditeur et dirigeant sportif Mourad Boudjellal, l’ex-président de SOS-Racisme Fodé Sylla ou la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani. Très impliquée dans l’initiative, la ministre déléguée chargée de la Ville, Nadia Hai, vient d’une famille d’origine marocaine et a grandi à Trappes, en région parisienne. Elue en 2017 députée des Yvelines sous l’étiquette LREM, elle avait été chargée, en janvier dernier, de dénoncer les propos de la candidate. Valérie Pécresse qui avait appelé à “ressortir le Kärcher” pour “nettoyer” les banlieues.

Parmi les parlementaires LREM franco-maghrébins et soutiens au Président, on retrouve aussi Amélia Lakrafi, députée de la 10e circonscription des Français établis hors de France (Afrique, Moyen-Orient). Cette native de Casablanca est connue pour ne pas avoir la langue dans sa poche. Elle s’est déplacée une trentaine de fois à l’étranger au cours de son mandat.

“Shadow cabinet”

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M’jid El Guerrab. Martin BUREAU / AFP

On peut citer également le député de la 9e circonscription des Français établis hors de France et membre de la commission des Affaires étrangères, M’jid El Guerrab. Malgré son image écornée suite à une altercation physique avec son ex-camarade socialiste Boris Faure en 2017, il reste une carte précieuse pour Emmanuel Macron. Il lui est utile pour gérer les Français du Maghreb mais aussi pour activer les réseaux officieux avec Rabat quand les choses vont mal entre les deux pays. Il travaille notamment avec Jaoued Boussakouran, un ami d’enfance avec qui il fut un temps associé dans le cabinet de conseil en communication Apostrophe. Boussakouran vient d’être nommé référent et porte-parole du mouvement En marche ! pour le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest.

Une nouvelle venue s’agite dans la galaxie macroniste. La Marocaine Zineb El Rhazoui fait des pieds et des mains pour être investie candidate dans la circonscription des Français de l’étranger en Afrique. Elle le mérite bien, tant il n’y a pas plus virulent que cette dame pour casser du sucre sur l’Islam et les musulmans… On peut citer une autre valeur sûre de la Macronie : la romancière Leïla Slimani : elle fait partie des happy few pouvant s’asseoir à la table des grands des deux pays. En s’entourant d’un shadow cabinet composé d’une partie importante de Franco-Maghrébins, Emmanuel Macron fait feu de tout bois. Il n’hésite pas à envoyer pour diriger l’Institut français en Algérie, Ahlem Gharbi, une Franco-Tunisienne native de Bizerte qui possède un entregent important.

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Leïla Slimani. JOEL SAGET / AFP

Si on évoque les réseaux franco-maghrébins de Macron, on ne peut passer à côté de Hakim El Karoui. Ce dernier conseille le Président pour tout ce qui concerne l’Islam en France. Le Franco-Tunisien s’est fait connaître avec un rapport fouillé, intitulé La Fabrique de l’islamisme et commandé par l’Institut Montaigne, un think tank libéral. Ce normalien agrégé de géographie de 47 ans, ex-banquier d’affaires chez Rothschild est devenu, juste après les attentats de 2015, le chouchou des médias qui se délectaient de ses petites phrases. “Nous avons laissé le poison de la salafisation des esprits se répandre”, écrivait-il ainsi quelques jours après les attentats du 13 novembre 2015 dans Le Monde. Il n’en faut pas plus pour que d’aucuns voient en lui le “Monsieur islamisme” d’Emmanuel Macron, dont on dit qu’il est plus qu’un conseiller.

Don Juan

Ce qui est certain, c’est que ce “premier de cordée” a bien participé aux nombreuses réunions convoquées à l’Elysée pour enrichir la réflexion du chef de l’Etat, qui avait promis de donner “un cadre et des règles” à la deuxième religion de France “dès l’automne”. Habile meneur d’hommes, Emmanuel Macron, tel Don Juan déclarant sa flamme aux deux paysannes dans un fameux dialogue de Molière, fait croire à chacun de ces soldats de l’ombre qu’il est dans le secret des dieux.

En tout cas, simples faire-valoir ou véritables atouts politiques, les Franco-Maghrébins sont beaucoup plus nombreux en Macronie que dans les autres partis politiques. Calcul électoral ou hasard de circonstance ?

 

VALÉRIE PÉCRESSE

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Valérie Pécresse ne mobilise pas les foules. La candidate de la droite nationaliste ne semble pas avoir rendez-vous avec l’Histoire, malgré ses gesticulations pour grappiller quelques voix à Eric Zemmour ou Marine Le Pen. Valérie Pécresse peut-elle encore compter sur les réseaux franco-maghrébins de l’ancien électorat de François Fillon pour rebondir ? Pas certain. D’autant que la candidate du parti Les Républicains (LR) semble avoir brûlé le capital de sympathie dont jouissait la droite auprès des Franco-Maghrébins avec ses récentes sorties sur l’immigration et le Mali.

Durcir le ton sur l’immigration

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Rachida Dati. Thomas Samson/AFP

Parler des réseaux franco-maghrébins de Valérie Pécresse a-t-il encore un sens ? Difficile à dire. Surtout quand des figures connues comme Rachida Dati n’hésitent pas à tirer à boulets rouges sur la présidente de la région Ile-de-France. Dans les colonnes du Figaro, du 2 février 2022, l’ancienne garde des Sceaux considérait qu’“il [fallait] ouvrir une seconde étape dans [la] campagne, celle de l’incarnation qui parle à tous les Français”.

La candidate LR a durci le ton sur l’immigration et la sécurité, puisant dans les propositions de l’extrême droite : “Je n’ai pas de gêne à dire qu’il faut rétablir les barbelés aux frontières de l’Europe”, a-t-elle ainsi déclaré. Voilà qui complique sérieusement le travail de ses spin doctors d’origine maghrébine. Bien sûr Valérie Pécresse peut compter sur Naïma M’Faddel qui a été pendant quatre ans la conseillère en charge de la politique de la Ville de la candidate à la présidentielle. Elle est membre de l’influent Cercle Eugène Delacroix qui sert de relais privilégié entre la France et le Royaume. Dans son organigramme de campagne, on trouve les Franciliens que Valérie Pécresse a aidés à éclore politiquement lorsqu’elle a conquis la Région en 2015.

Au premier rang d’entre eux se trouve Othman Nasrou, 34 ans. Ce conseiller municipal d’opposition à Trappes (Yvelines) a été désigné deuxième vice-président de la région Ile-de-France en juillet 2021. Il a aussi, et surtout, été nommée porte-parole officiel de la campagne de Valérie Pécresse.

Autre fidèle, l’adjointe de Jean-François Copé à la mairie de Meaux, Hamida Rezeg. Cette dernière a été désignée “oratrice régionale” de la candidate des Républicains.

Entrées dans les capitales africaines

Autour de la candidate, un petit cercle d’initiés rassemblés au sein du pôle diplomatique de son équipe de campagne conseille Valérie Pécresse sur le Maghreb et l’Afrique. Ces conseillers lui expliquent que le ralliement des électeurs binationaux passe par une attention toute particulière aux questions africaines.

A la manœuvre, le député LR Marc Le Fur, natif de Dakar. Ce dernier a ses entrées dans plusieurs capitales africaines. Vice-président du groupe d’amitié France-Afrique, il est le bras droit de Michel Barnier, chargé des questions internationales.

On peut également citer Arnaud Danjea, député européen et membre actif du club des diplomates de Valérie Pécresse : “Arnaud Danjea a gardé des contacts précieux de l’époque où il officiait au Quai d’Orsay et à la DGSE”, explique un député de l’Assemblée.

Jean-Marc Zakhia est une autre figure incontournable. Il a été, jusqu’en 2011, le conseiller communication de Valérie Pécresse quand elle était ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de Nicolas Sarkozy. Il a ensuite occupé la même fonction au ministère du Budget lorsque Valérie Pécresse y a été nommée. Cet ex-directeur associé au département “Relations presse et public affairs” de l’agence Euro RSCG connaît bien les grandes figures de la diversité parisienne.

 

YANNICK JADOT

Quand on évoque les réseaux franco-maghrébins des hommes politiques français, on ne pense pas tout de suite aux écologistes. Pourtant, ce sont bien les idées portées par cette mouvance qui rejoignent le plus les préoccupations des Franco-Maghrébins de France : lutte contre les discriminations, contre les inégalités sociales, promotion de l’ascenseur social, défense de la communauté ouïghoure… Un discours positif et ouvert, à mille lieues des thèmes de campagne portés par le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour.

Quartier populaire de Casablanca

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Mounir Satouri. Martin Bertrand/Hans Lucas/AFP

Ils sont nombreux à avoir été séduits par ce discours. A commencer par Mounir Satouri. Issu d’un quartier populaire de Casablanca, l’homme a fait ses premières armes à l’USFP, le parti socialiste marocain, avant d’arriver en France à l’âge de 16 ans et de se lancer dans la lutte syndicale étudiante. Il adhère aux Verts en 2001. Il milite contre le nucléaire et s’engage pour la défense des droits humains. Conseiller municipal des Mureaux (Yvelines) de 2008 à 2020, il est aussi conseiller régional d’Ile-de-France depuis 2010 où il préside Le groupe écologiste. Elu au Parlement européen en 2019, il travaille depuis sur l’emploi, les affaires sociales, les droits humains et la défense. Il dit vouloir lutter “contre les populismes de droite et faire progresser l’égalité sociale et les solidarités” au cours de son mandat.

Gaz lacrymogènes

Karima Delli, électron libre au sein des Verts, fait partie de la garde rapprochée de Yannick Jadot. En février 2021, elle a cosigné avec le candidat une tribune sur le logement. Née en 1979 à Roubaix (Nord), de parents algériens, elle est la neuvième d’une famille de treize enfants et est un pur produit de la méritocratie française.

Elue eurodéputée en 2009, elle a été reconduite à cette fonction en 2014 puis en 2019 sur la liste de Yannick Jadot. Elle est devenue, dans la foulée de sa réélection, présidente de la commission du Transport et du Tourisme au Parlement de Strasbourg.

Karima Delli s’est fait connaître du public en mai 2016, lors de l’évacuation de la ZAD de Kolbsheim (Bas-Rhin) où devait être construit le grand contournement ouest de Strasbourg. Ce jour-là, elle est blessée par des gaz lacrymogènes.

La très dynamique Franco-Algérienne Salima Yenbou rejoint l’Alliance écologiste indépendante en 2015 avant d’être élue députée européenne en 2019 sur la liste Europe-Ecologie. Son projet d’une Europe multiculturelle, écologique, accessible et ouverte sur le monde est en cohérence avec les deux commissions dans lesquelles elle s’implique : les Affaires étrangères et la commission Culture et Education. Elle est également membre de la sous-commission des Droits de l’Homme.

 

JEAN-LUC MÉLENCHON

De tous les candidats, Jean-Luc Mélenchon est le seul à brandir ses origines marocaines comme un trophée. Né à Tanger où il a passé le plus clair de son enfance, le patron des Insoumis ne boude pas son plaisir quand il évoque cette partie de sa vie dans le magazine Gala : “Ma grand-mère paternelle, c’était une fable de La Fontaine, une femme impérieuse, un phénomène, s’amuse le candidat à la présidentielle. Pied-noir, elle a quitté l’Algérie pour le Maroc. Au bled, elle vivait en osmose avec les musulmans et a même adopté une petite fille. Elle vendait des chapeaux, jouait les marieuses, se mêlait de ce qui ne la regardait pas. J’en garde un souvenir ébloui.”

Du plomb dans l’aile

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Sophia Chikirou. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Cela lui donne-t-il un atout auprès des électeurs franco-maghrébins que se disputent tous les candidats ? Les binationaux sont-ils sensibles à ses prises de position claires sur les Printemps arabes par exemple ? Difficile de savoir. Car malgré l’histoire personnelle du candidat Mélenchon, la France insoumise a du plomb dans l’aile.

Le “peuple” des banlieues a été profondément déçu après les élections de 2017. En février 2020, plusieurs membres de la France insoumise, pour la plupart issus de l’immigration, se sont mis à tirer à boulets rouges sur Jean-Luc Mélenchon et son parti.

Sur le site d’information Médiapart, Samer Derras, Samia Sadat, Yazid Arifi, M’hamed Kaki, Ramzi Kebaïli, Chabane El Hocine, Rachida Zenagui, Dalila Bouzaria Slimani, Narjès Boulares, Fatah Soltani, Boualem Benkhelouf et d’autres se sont déclarés “anciens Insoumis”. Ils y dénonçaient, avec une rare virulence, “la trahison de la révolution citoyenne”.

Jean-Luc Mélenchon conserve toutefois une alliée de poids en la personne de Sophia Chikirou. Cette dernière, à la fois son bras droit et sa cheffe de communication, a hérité de son père, un kabyle, farouche militant de la CGT, un caractère trempé. Elle a su faire preuve, par le passé, d’une formidable capacité à se relever et a su se sortir de situations particulièrement difficiles.

Son entregent auprès des Franco-Maghrébins de l’Hexagone a, pour le candidat insoumis, un intérêt certain.

 

ÉRIC ZEMMOUR

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Jean Messiha – JOEL SAGET / AFP

Si Eric Zemmour assure à tout bout de champ que, s’il est élu président de la France, il empêchera les enfants d’être appelés Mohamed, le polémiste ne s’interdit pas de s’appuyer sur ses réseaux franco-maghrébins. Plus malin que les autres, le candidat d’extrême droite prend soin de ne pas mettre en avant “ses” Arabes. Jean Messiha excepté. Le candidat Zemmour a fait de ce dernier le porte-parole de son parti en janvier 2022.

Pays pétroliers

Si ses lieutenants maghrébins n’entendent pas encore sortir de l’ombre en raison du profil clivant du polémiste, ils n’en sont pas moins actifs. Certains n’hésitent pas à faire du porte-à-porte comme cet ouvrier de Seine-Saint-Denis, qui préfère rester anonyme : “Très peu de personnes savent que même si je porte un nom français, je suis originaire du Maghreb. Zemmour veut mettre fin au communautarisme et c’est ce qui fait d’abord du mal aux premiers intéressés”.

Dans la même veine, on se rappelle encore de la polémique créée par les propos de Anyss, le fils du célèbre chanteur algérien, Cheb Khaled, invité sur le plateau de Cyril Hanouna où il expliquait qu’il pourrait voter Eric Zemmour “qui tient un discours cohérent et a une bonne connaissance des quartiers populaires”.

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Sarah Knafo. JOEL SAGET / AFP

En public, le polémiste de la droite identitaire, issu d’une famille juive d’Algérie, évite de se compromettre avec des Franco-Maghrébins. Pour autant, il a demandé à certains de ses fidèles de se rapprocher des milieux maghrébo-africains. C’est le cas d’Olivier Pardo, son avocat qui est aussi le conseil de nombreux chefs d’Etats africains.

Idem de Loïk Le Floch-Prigent, l’ancien PDG du groupe Elf entre 1989 et 1993. Durant cette période, l’ancien grand patron a tissé des liens étroits avec les élites de pays pétroliers comme l’Algérie, le Congo ou la RDC. On compte aussi parmi ces fidèles, Olivier Ubéda, directeur de campagne d’Eric Zemmour et proche conseiller du candidat d’extrême droite. Sa société, UB Consultants, a décroché des contrats à Tunis et à Kinshasa.

Enfin que serait Eric Zemmour sans Sarah Knafo ? D’origine marocaine et de confession juive, la jeune femme a fréquenté un lycée religieux en Seine-Saint-Denis. Elle est la plus proche conseillère du candidat d’extrême-droite.

MARINE LE PEN

Se souvient-on de la campagne du Rassemblement national en Ile-de-France pour les dernières élections régionales ? Les tracts avaient marqué les esprits. Ils détonnaient, loin de l’image sulfureuse de la formation d’extrême droite. Ceux distribués aux électeurs arabes portaient la mention “Musulman peut-être, mais Français d’abord”.

D’autres questionnaient : “Quelle banlieue voulez-vous ?” Ils représentaient, d’un côté, une jeune femme portant un bonnet phrygien et le drapeau tricolore peint sur les joues. D’un autre côté, la même jeune femme était représentée portant un niqab. Marine Le Pen cherchait à dédiaboliser son parti en se positionnant auprès des électeurs franco-maghrébins.

La stratégie perdure-t-elle ? Difficile à dire. Le Rassemblement national (RN) traverse aujourd’hui une profonde crise d’identité. La faute à Eric Zemmour qui mord sur son électorat. Y a-t-il des Franco-Maghrébins dans la garde rapprochée de Marine Le Pen ? Très peu.

Assimilation

Des candidats à la présidentielle, il semble que ce soit la candidate frontiste qui ait le plus de mal à s’entourer d’un shadow cabinet à consonance arabe. Parmi les rares Franco-Maghrébins qui l’entourent Karim Ouchikh, un avocat d’origine algérienne. Un représentant de la diversité qui défend la théorie de l’assimilation. Un véritable faire-valoir pour le Rassemblement national.

 

Abdelatif Elazizi