Les travailleurs saisonniers sauvent la récolte française de clémentines

 Les travailleurs saisonniers sauvent la récolte française de clémentines

La production de clémentine corse, unique clémentine française, dépend en grande partie des travailleurs saisonniers marocains

Pour récoler les clémentines de Corse, principale région productrice en France, les agriculteurs font appel chaque année à des travailleurs saisonniers. En cette période de pandémie, cette dépendance est encore plus criante, compte tenu des restrictions de déplacement en vigueur. Heureusement pour les exploitants corses, des saisonniers Marocains sont arrivés à temps pour la récolte.

Sans les saisonniers marocains, « on n’aurait pas pu rentrer 40% des fruits », explique à l’AFP François-Xavier Ceccoli, producteur et président du groupement Corsica comptoir, qui réunit 70 producteurs. Selon les producteurs de clémentines corses, ce sont bien les saisonniers qui ont « sauvé la récolte » insulaire. L’épidémie mondiale du covid-19 a ainsi mis en lumière la dépendance aux travailleurs saisonniers, principalement Maghrébins et Européens de l’est.

Au total, 90 exploitations attendaient l’arrivée de ces renforts venus du Maroc. Un protocole sanitaire et diplomatique « exceptionnel » est en vigueur entre les deux pays, à la demande des producteurs corses. Il s’agissait de permettre la venue en octobre de ces 829 saisonniers. Tous ont été soumis à des tests covid au départ du Maroc et à l’arrivée en Corse. Une dizaine seulement de ces saisonniers ont été testés positifs et immédiatement isolés, selon la préfecture de Haute-Corse.

 

Annonces Pôle Emploi non pourvues

Pour faire taire les mauvaises langues, M. Ceccoli a tenu à rappeler « qu’avant de faire appel à cette main-d’œuvre étrangère » des annonces avaient été déposées à Pôle Emploi. C’est parce que celles-ci n’ont pas été pourvues « que nous avons pu recruter des étrangers ». De plus, ces travailleurs « viennent en Corse depuis des années », ajoute-t-il. Ils connaissent donc ces techniques et « reviennent tous les ans, pour la plupart sur les mêmes exploitations ».

Le déplacement est aussi une aubaine pour ces Marocains habitués à faire le voyage en France. Au Maroc, le salaire minimum agricole garanti est de moins de 200 euros par mois. En Corse, ils sont rémunérés au SMIC (1 219 € net par mois), parfois majoré d’heures supplémentaires. Les semaines de récolte dépassent en effet régulièrement les 35 heures. Ils sont de plus « logés, et leur voyage aller-retour est pris en charge » par l’exploitation, précise M. Ceccoli.

 

Une main-d’œuvre qualifiée

La rareté de la main-d’œuvre dans le secteur s’explique par la technicité du travail de cueillette de la clémentine. Il faut travailler à la main, sur l’arbre, avec gants et sécateur, pour conserver quelques feuilles attachées à chaque fruit, marque de reconnaissance des clémentines insulaires. Mais, plus important encore, ces saisonniers maîtrisent la taille des clémentiniers, qui a lieu fin décembre début janvier.

« Trop taillés, on n’a pas de récolte, pas assez taillés, on a trop de fruits et trop petits. Comme il n’y a pas d’agrumes en France, à l’exception de la Corse, il n’y a pas de tradition de taille comme pour la vigne par exemple », souligne le producteur.

La Corse produit la quasi-totalité des clémentines françaises, soit entre 20 000 et 30 000 tonnes selon les années. Une niche face à un marché français de la clémentine d’environ 200 000 tonnes et une goutte d’eau comparée au géant espagnol et ses 1,3 à 1,4 million annuel.

Rached Cherif