Des installations pétrolières en flammes après des combats entre Daech et forces loyalistes

 Des installations pétrolières en flammes après des combats entre Daech et forces loyalistes

L’EI mène une offensive en vue de s’emparer de plusieurs localités d’une région pétrolifère de la côte libyenne. (Illustration)


Les affrontements se poursuivaient mardi dans le nord de la Libye pour la deuxième journée consécutive entre le groupe jihadiste État islamique (EI) et les forces libyennes près des principaux terminaux pétroliers du pays. Une installation, touchée par des tirs, a pris feu sans que les pompiers puissent y accéder en raison des combats.


 


Les combats pour la deuxième journée consécutive


Situés dans la région du « Croissant pétrolier », sur la côte, les terminaux d'al-Sedra, de Ras Lanouf et de Brega sont les plus importants de Libye et sont donc cruciaux pour l'exportation du pétrole libyen. L'EI avait mené lundi des attaques visant ses deux localités, entraînant des combats avec les gardes, selon des sources de sécurité.


Un réservoir de pétrole brut a été touché mardi, pris dans l'échange de feu près d’al-Sedra, a indiqué l'agence de presse loyale aux autorités reconnues par la communauté internationale. « Les pompiers n’ont pu accéder au site à cause des combats », poursuit l'agence. « Les affrontements se déroulent dans une zone à 20 km au sud-ouest d'al-Sedra et nous avons perdu sept de nos hommes », a-t-il précisé.


Le porte-parole de la Compagnie nationale du pétrole (NOC, branche dépendant de l'Est) Mohamad al-Manfi a indiqué qu'un réservoir avait été « entièrement détruit par le feu », l'évaluant à « environ 420 000 barils de pétrole » (plus de 15 millions de dollars au cours actuel). Un réservoir avait déjà pris feu lundi à Ras Lanouf lors des combats et les pompiers n'avaient pas pu l'éteindre.


 


Deux gouvernements, un ennemi commun


Lundi, un colonel des forces loyales au gouvernement basé dans l'Est avait indiqué que ses forces avaient été « attaquées par un convoi d'une dizaine de véhicules de l'EI » dans la région d'al-Sedra et Ras Lanouf. Un responsable de l’armée de l’air de la base aérienne de Misrata (ouest) avait dit pour sa part que des raids aériens avaient été menés contre les positions des jihadistes dans la journée, en soutien aux gardes. La base de Misrata est contrôlée par les autorités basées à Tripoli, proches de la coalition de milices Fajr Libya.


Le groupe extrémiste a tiré profit du chaos en Libye, après la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, pour s'implanter dans le pays, et contrôle depuis juin la grande ville de Syrte, un peu plus à l'ouest du « Croissant pétrolier ».


Inquiet de la montée en puissance du groupe, la communauté internationale s'efforce de mettre en place un gouvernement d'union nationale, alors que deux autorités rivales — l'une basée dans l'Est et reconnue par la communauté internationale, l'autre siégeant dans la capitale Tripoli — se disputent le pouvoir. Un accord politique prévoyant notamment la formation d'un gouvernement d'entente nationale a été signé sous l'égide de l'ONU le 17 décembre au Maroc entre des membres des deux Parlements rivaux et représentants de la société civile libyenne. L'ONU a entériné l'accord fin décembre, mais le nouveau gouvernement doit encore obtenir l'aval du Parlement légitime, dont une partie est hostile à l’accord.


 


Libye : au cœur de la stratégie africaine de l’EI


L'EI a affirmé lundi avoir pris Ben Jawad, une ville située sur la côte, entre Syrte et al-Sedra, mais aucune source officielle ou militaire n'a pu confirmer cette information. Pour Ludovico Carlino, analyste au cabinet de conseil IHS Country Risk, les attaques de l'EI font partie d'une « stratégie déclarée d'isoler et contrôler les biens énergétiques en Libye ».


Les jihadistes attaquent les sites pétroliers depuis un an, mais n'en contrôlent actuellement aucun, indique pour sa part Mattia Toaldo, chercheur au European Council on Foreign Relations. S'ils arrivent à s'en emparer, « ce n'est pas sûr qu'ils parviennent à vendre le pétrole » en raison notamment de la concurrence avec les trafiquants locaux, a-t-il ajouté.


Rached Cherif


(Avec AFP)

Rached Cherif