Le tourisme touché de plein fouet

 Le tourisme touché de plein fouet

Fouzi Zemrani


Le tourisme au Maroc, c’est 8500 entreprises et 750.000 emplois. Premier secteur touché par cette crise planétaire, il est à l’arrêt. La compagnie nationale est à terre, les hôtels ont mis la clef sous la porte, les agences de voyages ont baissé le rideau, les guides sont livrés à eux-mêmes… Fouzi Zemrani, vice-président général de la Confédération nationale du tourisme nous explique la situation.


LCDL : Avec cette situation exceptionnelle due au coronavirus, comment se porte le secteur du tourisme ?

Fouzi Zemrani : Le secteur se porte mal, tous métiers confondus, les professionnels du tourisme font face à une crise dont l’ampleur est encore une grande inconnue. Actuellement, il y a une cessation totale d’activité de par les mesures restrictives qui ont été imposées. L’État d’urgence sanitaire décrété dernièrement a fini par ôter tout espoir de reprise avant au moins quatre mois.


Cette situation est inédite, en ce sens qu’elle touche en même temps les pays émetteurs et les pays récepteurs. Elle est mondiale et surtout sanitaire. La course est engagée pour trouver les vaccins nécessaires pour l’endiguer, entre temps, nous sommes totalement dans une phase préventive, et le seul moyen pour empêcher la propagation du virus, reste le confinement. 


Ceci étant, nous pensons que c’est une bonne chose, car ce qui importe avant tout, c’est la santé de nos concitoyens. Lorsqu’on voit la situation des grandes destinations touristiques que sont la France, l’Espagne et l’Italie, on a alors plutôt tendance à relativiser.


A-t-on prévu de mettre en place des mesures d’accompagnement pour les opérateurs ?


Si l’on se réfère au communiqué du 15 mars, annonçant la mise en place d’un fonds spécial dédié à la gestion de la pandémie du coronavirus, sur ordre du Souverain, que Dieu l’assiste, le tourisme y est nommément cité. Ce qui augure d’une prise en en considération du secteur au plus haut niveau.


En ce moment l’urgence est à l’action sanitaire et sociale, et nous comprenons très bien qu’il y a des priorités, et nous en sommes concernés : comment assurer un revenu minimum aux différentes couches de la société et surtout les plus démunies, dont une grande majorité, emmargeait indirectement au tourisme ?


A travers la CGEM, nous avons émis une série de mesures d’accompagnement pour la plupart en faveur des salariés du secteur afin qu’ils puissent profiter d’une allocation perte d’emploi et report des créances contractées dans le cadre des crédits à la consommation.


Qu’en est-il des touristes étrangers, notamment français, qui étaient restés bloqués au Maroc ? Ont-ils pu tous rentrer ?


Les professionnels du tourisme, hôteliers, agents de voyage, guides, transporteurs et restaurateurs, se sont évertués à accompagner les touristes qui se sont trouvés bloqués, suite à la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes. Ils ont continué à donner des prestations et des services à tous les clients jusqu’à leur départ et cela de manière continue et professionnelle.


A ce jour, et mis à part quelques clients asiatiques et les caravaniers qui sont bloqués dans les ports du nord, à cause de la fermeture de la frontière par les Espagnols, la quasi-totalité des clients français sont retournés dans leur pays.


Peut-on dire aujourd’hui que c’est la pire crise que le secteur ait jamais connu ?


Oui, c’est la pire des crises car elle touche plus de 180 pays, tous les continents, toutes les couches de la société et toutes les économies. De mémoire, il ne me semble pas que le tourisme se soit déjà affronté à une telle situation. Toutes les pandémies connues ont été confinées dans des régions, celle-ci est mondiale et risque de faire beaucoup de dégâts. Cependant, je pense que la solidarité et la mobilisation de toutes les nations aura raison de ce fléau et on en ressortira éprouvé mais grandi.

Ahlam Jebbar