Mondial. La grande désillusion des Aigles de Carthage

 Mondial. La grande désillusion des Aigles de Carthage

Après une très encourageante entrée en lice face au Danemark (0-0), la Tunisie a fait déchanter ses supporters, pourtant nombreux sur place, lors de la deuxième journée de match de poule du Mondial. Avec une défaite (1-0) face à de modestes Australiens, les Aigles remettent les pieds sur terre, à qui la faute ?

S’il est évident que toutes les nations à ce stade de la compétition sont à prendre au sérieux, l’adversaire des Tunisiens 30èmes au classement Fifa, l’Australie (38ème), était de l’avis de tous les observateurs, à leur portée, du moins sur le papier. A titre de rappel, l’attaquant Mitchell Duke, buteur australien dès la 23e minute, évolue ainsi dans une équipe de deuxième division japonaise.

Mais la défaite de cette sélection face à la France sur le large score de 4-1, en première journée, a sans doute induit en erreur les hommes de Jalel Kadri, qui manquaient visiblement d’engagement en première période. Se reposant sur ses qualités athlétiques, l’Australie, elle aussi dos au mur, a fait le job : regroupée en bloc défensif solide en seconde mi-temps, cette formation a au final « gagné à la tunisienne », ironisent les analystes.

 

Kadri est donc tombé dans le piège australien, le match à ne surtout pas perdre pour espérer une place en huitièmes de finale après 6 participations en Coupe du monde. Mais pouvait-il en être autrement ? Spécialiste de l’histoire du football, le commentateur sportif Mourad Zeghidi déplore : « Confirmation d’une règle de la sélection tunisienne dans toutes les phases finales Coupe du monde et la CAN : jamais deux bons matchs de suite ».

 

Or, hormis la France et le Maroc, quasiment aucune sélection n’a en réalité confirmé sa bonne entame en poules à ce jour. Au-delà des considérations purement statistiques, les bruits de couloir au sujet de l’indiscipline de certains éléments se sont multipliés ce weekend, même si c’est la nonchalance manifeste du milieu de terrain Ferjani Sassi qui a fait l’objet des plus virulentes réactions sur les réseaux sociaux.

Les choix de remplaçants, aussi tardifs que discutables, n’ont fait qu’ajouter au naufrage tunisien. Un joueur comme Taha Yassine Khenissi n’avait déjà rien apporté à l’animation offensive face au Danemark, s’acharner à le faire rentrer de nouveau paraissait bien vain.

Des chances de qualification désormais minimes

« Je suis prise d’un sentiment de tristesse en regardant le Maroc jouer », se confie amèrement une supportrice tunisienne. Car en ayant laissé filer ce match, les Aigles ne sont plus maîtres de leur destin, quel que soit leur résultat face à la France mercredi à 16h00, d’autant que Didier Deschamps a confirmé en conférence de presse qu’il « respecte la Tunisie » et que par conséquent il ne fera pas jouer son équipe B, malgré l’absence d’enjeu pour les Bleus déjà qualifiés.

Dans ce groupe D, il subsiste encore trois scénarios : si le match entre le Danemark et l’Australie se conclut sur un nul, la Tunisie serait alors qualifiée en cas de victoire contre la France. Si l’Australie sort victorieuse, la Tunisie sera en revanche éliminée d’office, quel que soit le résultat de son match contre la France. Si enfin la Tunisie venait à l’emporter sur la France avec un but de plus que le Danemark dans leurs matchs respectifs, elle serait également qualifiée. Autant dire que les chances sont infimes.

Seif Soudani