Gabacho Maroc, aux choeurs des connexions

 Gabacho Maroc, aux choeurs des connexions

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Entre jazz, transe gnaoua, reggae ou musique ouest-africaine, le groupe franco-marocain-algérien enjambe les frontières culturelles et musicales. Avec ses textes humanistes, leur deuxième album fait danser autant que réfléchir. 


“Tawassol” signifie “connexion”. Pourquoi ce titre ?


Hamid Moumen (chant, guembri) : C’est un message pacifiste, livré dans ce monde assailli de conflits religieux, culturels, ethniques… Nous sommes français, algériens, marocains, issus d’univers ­musicaux différents. On montre qu’on peut vivre ensemble, partager au-delà des différences.


Aziz Fayet (oud, chant, percussions) : Cet album est une passerelle entre les ­bagages artistiques de chaque musicien, sans être de la fusion.


 


Comment se passe ce travail collectif ?


Vincent Thomas (batteur, choriste) : Tout le monde compose. On déploie et remanie les créations de chacun pour arriver à une beauté et une vérité communes. Nous avons passé des jours à ­retourner dans tous les sens le morceau Baraka pour trouver son ultime structure. Il ne suffit pas d’assembler des ­instruments et des rythmes de cultures différentes pour que ça sonne ! Il faut vraiment mixer, ­remixer, s’imprégner, apprivoiser les ­musiques… Nous souhaitions un disque énergique que l’on peut facilement jouer sur scène en poussant les tempos. Nos seules limites : ne pas verser dans la facilité, le commercial, sans pour autant tomber dans le technique, l’intellectuel, le compliqué.


 


En plus de vos propres compositions, vous ­revisitez deux standards du répertoire gnaoua.


A. F. : Oui. L’idée, c’est d’être lié à la fois à la musique traditionnelle et aux sono­rités actuelles. Encore cette idée de connexion…


V. T. : On s’inspire des rythmes et des mélodies du répertoire traditionnel. C’est notre fil conducteur. Mais on ne se limite pas au gnaoua. Au Maroc soufflent les vents du sud de l’Afrique subsaharienne, de l’Est arabe ou berbère…


 


La chanson “Bouderbala” évoque un ­célèbre personnage du folklore marocain, “Dara” est un hymne à la paix, ­“Baraka” un chant revendicatif. Et ­“Desertum” rompt avec l’énergie de ces morceaux très dynamiques.


V. T. : Desertum est une oasis. Comme un lac où se poser au cœur de l’album. De sa belle voix aiguë, la chanteuse chilienne Pascuala Ilabaca interprète avec nostalgie ce texte méditatif sur le désert.


 


L’esprit de groupe s’exprime aussi avec les chœurs, très présents.


V. T. : C’est important de mettre en avant cette générosité. C’est aussi un clin d’œil à la pop et aux puissants chants à l’unisson de la musique marocaine.


H. M. : Et cette énergie collective se communique naturellement au public.


 


Comme la bande-annonce de l’album, le prélude est un joyeux chaos sonore.


A. F. : Oui, comme la place Jemaa el-Fna, à Marrakech, une ambiance de souks, du bruit… C’est une manière très hospitalière d’accueillir les gens dans notre univers.


 


Vous tournez dans le monde entier. Comment votre musique est reçue ?


A. F. : Je suis surpris de voir partout les gens danser. Il y a une fibre universelle dans notre musique, avec beaucoup de rythmes. Et le rythme est lié à la terre… Ce qui se transmet aussi, c’est la joie et le plaisir que nous avons de jouer ensemble ! 


MAGAZINE FEVRIER 2018



Tawassol, Gabacho Maroc, Cristal Records/Sony Music

La rédaction du Courrier de l'Atlas