Afrique – Dégel des relations algéro-maliennes

 Afrique – Dégel des relations algéro-maliennes

Le président malien a soutenu qu’il n’y a pas de «turbulences» entre les deux pays

La page de la brouille entre Alger et Bamako est-elle définitivement tournée ? La visite de 4 jours en Algérie du président malien Amadou Toumani Touré semble avoir réchauffé les relations difficiles qu’entretiennent les deux pays frontaliers.

Lors de sa visite lundi au siège de la SNVI (Société Nationale de Véhicules Industriels) à Rouiba (Alger), le président malien a soutenu qu’il n’y a pas de « turbulences » entre les deux pays, mais de simples « incompréhensions ». « Je ne peux pas dire qu’il y a eu des nuages ou des turbulences. Peut-être qu’il y a eu des incompréhensions dans les relations avec l’Algérie. Cependant, de toutes mes visites, celle-ci est la plus importante », assurait-il.

Le lendemain mardi, à l’issue des entretiens qu’il a eus avec le président algérien Bouteflika, M. Touré est revenu à la charge en tenant des propos très conciliateurs. « L’axe Alger-Bamako se porte bien et je dirais même qu’il s’est considérablement renforcé », a-t-il déclaré avant de saluer « l’engagement fort » de l’Algérie à « accompagner le Mali dans son développement, particulièrement dans les régions Nord ».

Des déclarations qui laissent croire que le président malien a arraché aux Algériens la promesse d’une aide matérielle importante. Et pour rendre la pareille aux autorités algériennes, l’homme fort de Bamako a tenu un discours sur la situation sécuritaire au Sahel que ne peut qu’agréer Alger qui entend jouer un leadership régional en matière de lutte anti-terroriste. Il a assuré que lui et son homologue algérien ont analysé « de manière assez approfondie » la situation sécuritaire dans la région du Sahel, à ses yeux de plus en plus préoccupante.

« C’était déjà une région faible avec des menaces multiples et beaucoup de difficultés, mais aujourd’hui, il y a une nouvelle donne. On parle beaucoup plus de la présence de groupes organisés et lourdement armés à la suite des derniers événements survenus en Libye », explique-t-il avant d’ajouter : « La situation devient donc de plus en plus préoccupante et je pense qu’en pays voisins, nous partageons la même vision sur cette question ».

Il faut dire que le froid entre les deux pays a pour origine la donne terroriste. Les Algériens reprochent aux Maliens leur permissivité à l’égard des terroristes d’El Qaïda au Maghreb. Mali justifie son attitude par la faiblesse de ses moyens.

En 2010, les frictions entre Alger et Bamako ont même frôlé l’incident diplomatique quand les autorités algériennes ont décidé de rappeler leur ambassadeur au Mali pour protester contre la libération de deux terroristes algériens par les responsables maliens, dans le cadre de l’affaire de l’enlèvement de l’otage français Pierre Camatte.

A noter que l’actuel rapprochement entre les deux pays a coïncidé avec la visite récente en Algérie de deux hauts responsables américain et britannique qui ont insisté particulièrement sur la lutte antiterroriste et la prolifération des armes au sein du Sahel, dans le sillage du conflit libyen.

Yacine Ouchikh

Yacine Ouchikh