Des Marocains se mobilisent pour la Somalie

Mieux vaut tard que jamais, le Maroc rejoint la caravane de pays qui se mobilisent pour apporter secours aux régions frapées de sécheresse et de famine dans la corne de l’Afrique. Il s’agit de mettre de fin à un isolement qui menace de mort quelque 3,7 millions de personnes, soit la moitié de la population somalienne.

De par le monde, des associations et ONG humanitaires tirent depuis quelques mois la sonnette d’alarme pour sensibiliser le monde au sort dramatique de la Somalie. Des photos qui n’épargent pas les âmes sensibles circulent sur la toile, des témoignages poignants de journalistes en mission décrivent le malheureux destin des enfants abandonnés en bord de route pour les camps du Kenya.

La Somalie, entre médias et politiques

“Larmes de crocodile!”, crie-t-on à l’arnaque quand les médias américains consacrent des pleines pages à la tragédie humaine de la corne de l’Afrique ou lorsque les politiques versent des larmes salées sur le plateau d’un talk show.  Et pour cause. Washington refuse toute aide pour les régions de Somalie qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement fédéral de transition (GFT) soutenu par les Etats-Unis.

Selon des ONG européennes officiant dans la région, toute agence qui cherche à fournir de la nourriture dans les zones situées en dehors du périmètre du GFT risque d’être poursuivie pour assistance à une organisation terroriste, en référence au mouvement radical Al Shabaab qui, depuis deux ans, domine les zones les plus touchées par la famine.

Dans le meilleur des cas, quand l’aide alimentaire parvient à bon port, rien ne garantit que les populations concernées puissent toucher ce qui leur revient.  Une enquête de l’Associated Press a dévoilé que des milliers de sacs provenant du Programme alimentaire mondial (PAM) sont revendus dans les marchés de la capitale. Sinon que les aides sont récupérées après le départ des journalistes et observateurs internationaux.

Entre temps, au Moyen Orient, très peu de pays se sont sentis concernés par le malheureux sort du Somalien. Ce n’est que sur le tard que des initiatives ont vu le jour. D’abord en Arabie Saoudite, au Koweit, au Qatar, aux Emirats Arabes Unis puis en Jordanie et en Egypte.

Au Maroc, silence radio à part quelques appels sporadiques sur les réseaux sociaux et un numéro de compte bancaire non avéré pour verser des dons.

La solidarité panafricaine, une valeur à reconquérir

“Nous nous sentons davantage proches des pays du pourtout méditerranéen que de l’Afrique”, constate un internaute, non sans honte. Il est vrai, pourtant, que le Maroc possède une culture plus arabo-méditerranéenne qu’africaine.

La course effrénée pour rattraper les pays du Nord, l’attrait économique que représente l’Union Européenne aux yeux du Maroc et l’image séduisante d’une Europe démocratique et moderne versus une Afrique traditionnaliste et despotique: que d’arguments pour expliquer la relative indifférence des marocains envers le continent noir.

Certains rejettent la faute sur les médias marocains qui communiquent moins sur les problèmes de l’Afrique que sur les conflits du Moyen Orient. D’autres estiment qu’il est du devoir  du gouvernement de se mobiliser, tout comme il le fait souvent pour Gaza.

Cela étant dit, des groupes facebook communiquent quotidiennement sur la situation. Un numéro de compte bancaire pour la collecte de fonds circule. Il s’agit de l’initiative de l’UNICEF Maroc qui garantit de faire parvenir les montants collectés au gouvernement de transition.

D’autres initiatives au Maroc espèrent affréter un avion militaire plein de denrées alimentaires pour la Somalie, dans une tentative de regagner les valeurs de panafricanisme nécessaires au renforcement du continent noir.

Fedwa Misk

 

Fadwa Miadi