France. ACLEFEU installe un « ministère de la crise des banlieues » à Paris

 France. ACLEFEU installe un « ministère de la crise des banlieues » à Paris

Nabil


Une trentaine de militants du collectif ACLEFEU (Association Collectif Liberté, Egalité, Fraternité, Ensemble, Unis) ont installé « un ministère de la crise des banlieues » au rez-de-chaussée d’un hôtel particulier parisien. Objectif, mettre les quartiers populaires au cœur du débat politique.




 


« Nous occupons ce lieu symbolique car nous avons constaté que la question des quartiers populaires est exclue de la campagne », annonce Mohamed Mechmache, président du collectif. Au 26 rue Geoffroy Lasnier, l’ambiance est bon enfant. Un petit poêle au milieu du salon permet de réchauffer cette grande pièce vide. Sur le mur, une banderole, « Pour une politique choisie et non subie » donne le ton.


ACLEFEU veut mettre un coup de projecteur sur la banlieue et ses 8 millions d’habitants : « Les quartiers populaires font partie à part entière de la France. Créer ce lieu va permettre de refaire une piqûre de rappel », prévient-il.


Déçu des politiques juste bons à parler de « sécurité » pour les banlieues, le collectif a décidé de faire une opération coup de poing pour se faire entendre. Mais pas seulement.


« Ici, nous invitons les candidats à l’élection présidentielle à venir débattre avec nous, nous avons fait 12 propositions qui ne coûtent pas cher. Par exemple, dans les villes où il n’y a pas 20% de logements sociaux, nous voulons que l’État réquisitionne les terrains vacants de ces villes et construise des logements sociaux », déclare le président d’ACLEFEU.


 


« On a franchi le périphérique pour eux »


« En 2005, on avait beaucoup parlé des banlieues, Ségolène Royal avait pris le sujet à cœur, en 2012, ce n’est plus le cas », souligne François Durepaire, historien.


Mohamed Mechmache ironise : « La banlieue est de l’autre côté du périphérique, ça semble poser problème. Tous les QG de campagne sont à Paris, on a décidé de traverser le périphérique pour eux ».


Ce lieu, c’est la mairie de Paris qui l’a mis à disposition du collectif. D’abord apeurée à l’idée de laisser le rez-de-chaussée de cet hôtel particulier, la municipalité a vite été rassurée par le discours du collectif. Demain soir, si rien ne se passe, « un communiqué salé va tomber », prévient Mohamed Mechmache.


 


Un tour de France en mars


« Du 16 au 26 mars, nous allons faire un tour de France avec nos 12 propositions et les faire signer par le biais d’une pétition pour qu’enfin la question des banlieues soit prise en compte », rajoute le président.


Un bon moyen de pression face au mépris des politiciens pour la question des quartiers populaires. D’ailleurs, lorsqu’on évoque avec lui le futur « grenelle des quartiers populaires » organisé par le PS, la réponse ne se fait pas attendre : « Oui, j’en ai parlé avec eux, mais pour le moment il n’y a rien de fait. Si c’est pour nous faire venir en tant que faire valoir, ça ne nous intéresse pas ».


Si l’énervement se fait sentir, c’est que la situation dans certains quartiers devient intenable. Un article dans le journal 20 minutes témoigne des conditions déplorables dans lesquelles vivent les habitants du Chêne Pointu, un quartier de Clichy-sous-Bois que connaît bien Mohamed Mechmache.


« Ce sont des conditions de vie dignes du moyen-âge. La situation est grave, c’est inhumain », témoigne-t-il avant de lancer un appel aux habitants du quartier : « Je veux dire aux gens qui y vivent, « Réveillez-vous », il faut que vous dénonciez ce qui se passe, le changement passera aussi par vous ».


Mohamed Mechmache conclut en adressant un message : « Partis de gauche ou de droite notre porte est ouverte, on vous attend ».


Jonathan Ardines

Jonathan Ardines