Maroc. Gerets au Parlement !

 Maroc. Gerets au Parlement !

Au lendemain de l’élimination du Maroc

S’il y a un homme qui cristallise le mécontentement de tout un peuple, c’est bien Eric Gerets. Le « Lion de Rekem », surnom qu’il a gardé du temps de sa carrière au Standard de Liège, est considéré comme le premier responsable du camouflet infligé au Maroc lors de la CAN 2012.

 

Il est aussi le premier à le reconnaître sur les colonnes de L’Equipe : « il y a un énorme échec. Si on me laisse faire mon travail, je reste. S’ils (la fédération) ne sont pas contents de mon travail, ils me le diront. Pendant 15 mois, personne ne m’a dit que j’étais un mauvais. Mais en football, lundi tu es un roi, le lendemain tu n’es plus rien. Je prends mes responsabilités ».

Après l’élimination du Maroc, des centaines de jeunes sont sortis manifester dans plusieurs villes marocaines, exprimant leur frustration en demandant la tête de Gerets ainsi que le retour de Baddou Zaki en tant que sélectionneur de l’équipe nationale. La pression exercée sur Gerets est même passée de la rue au… Parlement marocain !

Il se peut en effet que le sélectionneur des « Lions de l’Atlas », et à travers lui la Fédération marocaine de football, soit amené à s’expliquer pour cette débâcle. La première session de questions orales tenue cette semaine à la Chambre basse du Parlement, a vu les conseillers de l’opposition tirer à boulets rouges sur la sélection marocaine et ses piètres résultats.

L’occasion de réaliser un joli coup politique devant la pression exercée par l’homme de la rue, qui se demande pourquoi le Maroc paye grassement Gerets, si c’est pour se ridiculiser lors de compétitions internationales.

 

Sale temps pour un sélectionneur

C’est le RNI qui a ouvert les hostilités dans la coupole du Parlement. L’un des conseillers du parti dirigé par Salaheddine Mezouar a sommé le gouvernement Benkirane de dévoiler au grand public les raisons de cet échec, demandant par la même occasion la démission du bureau de la Fédération royale marocaine de football.

Une fédération dirigée pour rappel par Ali Fassi-Fihri, qui occupe également les fonctions de directeur de l’ONE (Office national de l’électricité), et qui n’est autre que le frère de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Taieb Fassi-Fihri, promu depuis conseiller royal par Mohammed VI…

La Fédération marocaine de football a également fait l’objet des attaques du Groupe fédéral, le conseiller parlementaire Larbi Habchi ayant explicitement demandé l’ouverture d’une enquête sur la fédération et son mode de gestion.

Dans le même ordre d’idées, les conseillers de l’USFP ont quant à eux réclamé la constitution d’une commission d’enquête parlementaire. Le PAM n’est pas en reste, puisque ses membres ont demandé au gouvernement de dévoiler publiquement le salaire exact de Gerets.

Si les rumeurs font état de 250 000 euros par mois, rien n’est encore confirmé, compte-tenu du secret absolu que la fédération de football impose à ce sujet, au point de ne pas en informer les membres du gouvernement, l’actuel comme le précédent !

Quelle que soit l’issue de son périple marocain, Eric Gerets a déclaré avec un aplomb qui frise l’insolence : « Je ne vais pas prendre la fuite, je n’ai pas peur de regarder tout le monde en face et je ne quitterai certainement pas ».

En bon stratège, il affirme « se tourner vers l’avenir avec l’équipe nationale ». Peut-être que son passé devrait être rappelé aux membres de la fédération marocaine de football, lui qui a écopé de 2 ans de suspension pour sa condamnation en 1982 dans une affaire de corruption de joueurs, alors qu’il était capitane du Standard de Liège.

Zakaria Boulahya

Zakaria Boulahya