Royaume-Uni : la « loi Rwanda » et ses premiers dommages collatéraux

 Royaume-Uni : la « loi Rwanda » et ses premiers dommages collatéraux

Toby Melville / POOL / AFP

La très controversée « loi Rwanda » mise en place par le Royaume-Uni entraîne déjà des dommages collatéraux chez le voisin irlandais.

 

« L’Irlande ne fournira pas d’échappatoire aux défis migratoires du Royaume-Uni » prévenait, dimanche (28 avril), Simon Harris le chef du gouvernement irlandais.

Depuis l’entrée en vigueur de la « loi Rwanda » au Royaume-Uni, le 23 avril, les autorités irlandaises ont constaté, impuissantes, une augmentation des arrivées d’étrangers en situation irrégulière.

La nouvelle loi britannique permet de renvoyer les migrants arrivés illégalement sur le territoire, vers le Rwanda, et ce, quel que soit son pays d’origine.

Il semblerait que cette loi entraîne un afflux de personnes migrantes en Irlande via l’Irlande du Nord, ravivant des tensions entre Dublin et Belfast.

Aujourd’hui (30 avril), Helen McEntee, ministre de la Justice irlandaise, devrait proposer un plan pour une nouvelle politique de retour vers le sol britannique.

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Une loi effective ?

« De plus en plus de pays envisagent de recourir à des partenariats avec des pays tiers (…) Cela montre aussi que la dissuasion commence déjà à fonctionner (…) S’ils savent qu’ils ne pourront pas rester après être venus illégalement, ils sont bien moins susceptibles de venir » déclarait, dimanche, Rishi Sunak au micro de la Sky News.

Malgré la satisfaction affichée du Premier ministre britannique, il semble prématuré de parler du succès de cette loi. D’autant plus qu’hier (29 avril), une opération visant les migrants en situation irrégulière a été lancée par les autorités britanniques, afin de faire fonctionner la ligne directe Londres-Kigali.

Après une année 2023 marquée par une légère baisse, le début de l’année 2024 est, elle, marquée par une augmentation du nombre d’arrivées de migrants au Royaume-Uni.

Opposition

Les conservateurs saluent cette « loi Rwanda », l’opposition ainsi que les ONG de défense de migrants dénoncent une mesure contraire aux engagements internationaux d’accueil et d’asile.

Le 23 avril dernier, l’ONG Amnesty international a fustigé un texte qui « repose sur un mensonge, celui de considérer le Rwanda comme un pays sûr pour les droits humains ».

L’ONG étaye son propos avec des faits rapportés et vérifiés. Détentions arbitraires, liberté d’expression menacée, liberté de manifester réprimée, ce qu’il se passe sur le sol rwandais est loin d’apporter les garanties d’une destination d’accueil sûre.

 

Charly Célinain