Coronavirus- Crise du système capitaliste

 Coronavirus- Crise du système capitaliste

Nikolas Kokovlis / NurPhoto


De quoi la crise du Coronavirus est-elle le nom ? S’agit-il comme on veut bien nous le faire croire d’une simple crise sanitaire dont la nouveauté, c’est qu’elle touche aussi bien les riches que les pauvres, les puissants comme les humbles ?


Si effectivement, on ne peut pas nier qu’il s’agit bien d’un virus « démocratique » qui agirait même comme une sorte de Robin des Bois de la santé, frappant plus à Paris, Shanghai ou Rome qu’à Abidjan ou encore Nouakchott, l’illusion que cette épidémie sera réglée par le confinement et la mise en place de quelques hôpitaux de campagne veut nous faire oublier que la sortie de la crise actuelle ( qui est aussi une crise économique, une crise d’un modèle de société) passe d’abord par la remise en cause de politiques néolibérales sauvages.


Un système marqué par la marchandisation des rapports humains, avec l’introduction de la concurrence et de la logique marchande à l’école et dans l’hôpital public ; l’augmentation de la part des profits non investis et redistribués sous forme de dividendes, la paupérisation de l’État, du fait de l’explosion de la dette publique et l’exploitation éhontée et sans limites des ressources naturelles.


Aujourd’hui, cette gifle portée au libéralisme sauvage n’est évidemment pas le résultat d’une prise de conscience idéologique, et encore moins d’un sursaut de dignité politique, mais bien la conséquence brutale du fameux virus. 


La peur de la maladie et de la mort ont soudain frappé le capitalisme sauvage de plein fouet, les bourses se sont effondrées, les cours du pétrole ont chuté, et la panique a poussé les gouvernements à prendre des mesures draconiennes, sans boussole, n’hésitant pas à paralyser une grande partie de la vie économique et sociale.


Le chômage partiel est une réalité pour ceux qui ont la chance de pouvoir y adhérer alors que pour les autres, la grande majorité, c’est le chômage tout court. Les PME ferment. Il n’y a pas de secteur d’activité qui ne soit touché de plein fouet. Le coronavirus est en train de faire pire que le tsunami qui a frappé Lehman Brothers en 2008. D’ores et déjà, on peut se poser la question de savoir qui paiera la note ?


Des pays comme le Maroc qui n’a pourtant rien du bon élève semblent avoir bien pris la mesure du danger. Il y a bien sûr la réactivité remarquable d’un pays qui a pris les devants en instituant des mesures drastiques avant que la situation ne soit vraiment préoccupante mais ce qui me paraît vraiment intéressant, c’est la création de ce fonds doté de 10 milliards de dirhams, réservé, « à la prise en charge des dépenses de mise à niveau du dispositif médical et au soutien de l’économie nationale à travers l'appui aux secteurs les plus touchés par l'impact du Covid-19, la protection de l'emploi et l'atténuation des répercussions sociales de cette pandémie ».


Cerise sur le gâteau, le fond a déjà explosé le plafond en dépassant les 15 milliards de dhs mais le plus intéressant dans tout ça, c’est qu’il a été alimenté essentiellement par les grandes fortunes du royaume qui ont répondu présent, sans se faire tirer les oreilles. L’intendance suivra-t-elle ? Seul l’avenir immédiat nous le dira.


Depuis l’Antiquité, les sociétés ont dû faire face à diverses épidémies dont les plus tristement célèbres restent la peste, le choléra, la variole et le typhus, apparaissant et disparaissant au fil des siècles entraînant ainsi de grands changements dans l’économie, et même sur la géopolitique.  


La peste noire qui a ravagé l’Europe à la fin du XIVe siècle est tombée à une époque où l’économie battait son plein, avec des échanges commerciaux intenses, ce qui n’a pas empêché l’épidémie de mettre brutalement mis fin au système de servage qui fondait la société médiévale d’alors.


Après le passage du coronavirus, nos politiques retiendront-ils enfin la leçon ? Rien n’est moins sûr.

Abdelatif Elazizi