Migrants : la politique migratoire de l’UE se retourne contre elle

 Migrants : la politique migratoire de l’UE se retourne contre elle


Depuis une semaine, indésirables en Grèce, des milliers de migrants se massent à la frontière gréco-turque en provenance de Turquie.


Fermeture de frontière


Face à un afflux de migrants à la frontière gréco-turque, les réactions de la Grèce indignent les organisations d'aide aux personnes migrantes : « Les expulsions d’exilés décidées par la Grèce, qui annonce vouloir les renvoyer non seulement vers la Turquie d’Erdogan mais même dans leur pays d’origine, sans aucun examen de leur situation et de leur besoin de protection, sont insupportables » selon le GISTI (Groupe d'information et de soutien des immigrés). Suspension du droit d'asile, déploiement des forces militaires aux frontières, la réponse de la Grèce à cet afflux de migrants inquiète.


Instrumentalisation


Cet afflux soudain de migrants à la frontière gréco-turque est le résultat direct d'une décision de la Turquie. Suite à une attaque syrienne à Idlib ayant fait plus de 30 morts dans l'armée turque, les autorités ont décidé de laisser passer les migrants syriens : « Ces mouvements semblent être délibérément « accompagnés » par les autorités turques. Il ne fait aucun doute que Recep Tayyip Erdoğan instrumentalise à nouveau la question des réfugiés pour exercer une pression sur les enjeux militaires et diplomatiques liés au sort du nord de la Syrie » regrette la Ligue de Droits de l'Homme (LDH). La Turquie se sert donc des quatre millions de réfugiés présents sur son territoire pour forcer l'UE à la soutenir dans ses opérations militaires en Syrie. Une situation délicate dans laquelle l'UE s'est mise toute seule, il y a quatre ans.


Retour de bâton


Le 18 mars 2016, les Etats membres européens avançaient le préambule d'un accord UE-Turquie avec, pour objectifs officiels principaux, le démantèlement des réseaux de passeurs et la prévention des morts en méditerranée. Un des points principaux de l'accord UE-Turquie pour l'accueil des migrants était la création du concept de « pays tiers sûr » pour gérer le flux d'entrées en Europe. Cet accord fait partie d'une politique migratoire de l'UE basée notamment sur l'externalisation de l'asile. Aujourd'hui, la Turquie ne fait que se servir du « pouvoir » qui lui a été délégué contre ceux qui lui ont délégué, les Etats membres de l'Union Européenne…

Charly Célinain