Violences policières : une impunité inévitable ?

 Violences policières : une impunité inévitable ?

Une banderole brandie par des gilets jaunes montrant des dizaines de personnes blessées par les forces de l’ordre


La police française agit-elle en toute impunité ? Lors des manifestations de Gilets jaunes ou dans d’autres cas, leur excès de violence est rarement condamné.


Violence banalisée


Demain soir (19 juin), la LDH (Ligue des droits de l’Homme) amorce une réflexion sur la violence policière avec un débat intitulé « Violences policières et désinformation », aux Grands Voisins (Paris 14).


L’usage de la violence par les forces de l’ordre, tous les samedis depuis 7 mois contre les manifestations de Gilets jaunes, a passé un échelon selon la LDH : « Initialement cantonnée aux quartiers populaires, territoires souvent ignorés par les médias, cette violence touche à présent des couches sociales de plus en plus nombreuses, au gré des mouvements sociaux successifs, des cortèges de manifestants aux domiciles des militants, en passant par leurs lieux de travail ».


Etat mis en cause


Pour débattre de ces questions de violences policières, la LDH a fait appel à David Dufresne, écrivain, réalisateur et journaliste observateur des doctrines de maintien de l’ordre, et à Me Slim Ben Achour, avocat engagé pour l’égalité et la non-discrimination.


L’expertise de ce dernier est précieuse puisqu’il était l’un des avocats des treize plaignants ayant porté plainte contre l’Etat pour des contrôles d’identité au faciès abusifs. En 2015, l’Etat a été condamné pour cette pratique de la police.


Racisme institutionnel


Les plaignants avaient obtenu une condamnation en dommages et intérêts se montant à 1 500 euros pour chacun. Un dédommagement symbolique mais l’important était ailleurs selon l’un d’entre eux : « Peu de personnes y croyaient, se disant que lorsque l'on porte plainte contre l'Etat, on ne peut que perdre dans ce pays… ».


L’Etat peut être condamné mais cela reste extrêmement rare. Aujourd’hui, les personnes qui manifestaient avec les Gilets jaunes et qui ont été blessées, notamment par des tirs de lanceurs de balles de défense, n’ont que peu de chance d’obtenir gain de cause face à l’Etat. Le débat de demain pourrait apporter quelques pistes pour faire valoir ses droits face à la police.

Charly Célinain