Tariq Ramadan bientôt devant une cour d’assises en France ?

 Tariq Ramadan bientôt devant une cour d’assises en France ?

Tariq Ramadan et ses avocats au Palais de Justice de Paris, le 16 septembre 2020. Thomas COEX / AFP

Le parquet de Paris a requis, hier (12 juillet), un procès aux assises pour Tariq Ramadan. L’islamologue suisse est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes.

 

La décision finale sur un procès appartient aux deux juges d’instruction chargées de l’enquête. Hier, deux magistrates du parquet ont demandé le renvoi aux assises de l’islamologue pour « viols » sur Henda Ayari, Mounia Rabbouj et une autre femme, ainsi que pour « viol sur personne vulnérable » sur « Christelle ». Cette dernière et Henda Ayari ont déposé plainte fin octobre 2017 contre l’islamologue, dénonçant respectivement un viol en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon.

En février 2018, Tariq Ramadan a été mis en examen puis incarcéré pendant dix mois. Deux ans plus tard, il a été mis en examen pour des viols sur trois autres femmes.

Pas un blanc-seing

Après avoir d’abord nié des relations sexuelles extraconjugales, l’islamologue avait été contraint de reconnaître des « relations de domination consenties ». Pour le parquet, « malgré les dénégations répétées » de l’islamologue, « il résulte des déclarations de l’ensemble des plaignantes que consentir à une relation sexuelle ne signifie pas consentir à être maltraitée, frappée, sodomisée au point d’en être réduite à un objet dénué de tout consentement ». Ce « n’est pas un blanc-seing qui autorise une fois pour toutes le partenaire à dicter sa loi », ont insisté les deux magistrates.

Contrainte morale

Ces femmes ont toutes en commun de s’être appuyées sur la notion d’« emprise ». Cette notion se définit comme « un ensemble de mécanismes et de processus qui permettent à un psychisme d’exercer tout pouvoir sur un autre psychisme, à son seul bénéfice et sans tenir compte du désir propre de l’autre ».

La question de la « contrainte morale » sera donc centrale dans la tenue de ce procès. De son côté, Tariq Ramadan dénonce depuis la première plainte une « campagne de calomnies ». Il accuse les magistrats d’être, eux, « sous emprise politique ».

 

Chloé Juhel