« The House of One » : une mosquée, une synagogue et une église dans le même lieu

 « The House of One » : une mosquée, une synagogue et une église dans le même lieu

« The House of One » (La Maison de l’Unique) accueillera dans un même bâtiment une église, une mosquée et une synagogue. © Kuehn Malvezzi

Un seul lieu de culte pour les trois monothéismes. C’est l’idée ambitieuse et pourtant très réelle qui sortira prochainement de terre à Berlin. « The House of One » (La Maison de l’Unique) accueillera dans un même bâtiment une église, une mosquée et une synagogue. Un lieu de culte unique en son genre qui devrait ouvrir ses portes en 2025.

Ce jeudi a lieu la pose de la première pierre de La Maison de l’Unique à Berlin. Le chantier est prévu pour durer jusqu’en 2025. C’est la concrétisation d’un projet initié il y a 10 ans par la communauté protestante de la ville. Elle s’est d’abord rapprochée de la communauté juive, puis des musulmans.

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Ce dialogue de longue haleine a finalement porté ses fruits comme se félicite le président du conseil d’administration de la structure au micro de France Inter. Les trois communautés « ont planifié ensemble un lieu d’entente, une maison de paix, où chacun apporte le plus beau et le plus sublime de sa tradition religieuse. Et ça donne ce petit miracle ! », estime le théologien chrétien Roland Stolte. Chrétiens, juifs et musulmans ont « appris à se connaître et se comprendre les uns les autres », ajoute-t-il.

 

Un symbole au cœur de Berlin

Le nouvel édifice sera érigé sur les ruines de la plus vieille église du Berlin médiéval sur l’île aux Musées. Son emplacement au cœur de la ville renforce la symbolique de cette union des monothéismes. Les fondations de l’ancienne église seront visibles depuis le grand hall. Cet espace sera d’ailleurs un lieu de réunion et de dialogue, ainsi que de célébrations communes.

L’édifice a été imaginé par le cabinet berlinois Kuehn-Malvezzi, qui a remporté le concours lancé aux architectes du monde entier. Le gouvernement fédéral et la ville ont apporté environ la moitié des 47 millions d’euros du projet. Pour le reste, les promoteurs comptent sur les donations privées. Il faut d’ailleurs près de 8 millions d’euros pour boucler le budget. Un appel à contribution a été lancé pour les réunir.

Pour l’imam Kadir Sanci ce projet commun est un geste fort à destination des jeunes musulmans « qui parlent l’allemand et non le turc, l’arabe ou le pakistanais ». Il s’agit de leur rappeler les valeurs de l’islam d’Allemagne. Ce lieu sera « la preuve que les musulmans et l’islam font partie de l’Allemagne », estime-t-il. Ce sera aussi « un signal à l’ensemble de la société, qui y verra notre travail de prévention et notre lutte contre l’antisémitisme, la violence ». C’est par ailleurs une double première pour les musulmans berlinois. En plus d’être le premier lieu de culte partagé de la ville, ce sera la première mosquée construite dans le centre de Berlin.

 

« Un moteur pour plus de tolérance »

La cérémonie de pose de la première pierre intervient dans le contexte du regain de tension au Proche-Orient. Le rabbin Andreas Nachama pense que cela ne donne que plus de sens à cette maison commune aux trois grandes religions monothéistes.

« Nous connaissons les problèmes qui existent dans le monde, et nous savons aussi que nous ne sommes que des voix individuelles. Cela signifie donc que généraliser ce que je dis à tous les juifs est tout aussi inapproprié que de généraliser ce qu’un musulman pourrait dire. »

« Les questions religieuses, qui ont pris beaucoup de place ces dernières années, ne méritent pas des débats enflammés », estime pour sa part le pasteur protestant Gregor Hohberg. Cette maison commune sera ainsi « un moteur pour plus de tolérance ».

Rached Cherif