Tragique recrudescence des immolations en Tunisie

Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous
Un jeune homme de 26 ans qui s’était immolé par le feu le 6 février devant un poste de police du quartier Erriadh à Sousse, a succombé à ses blessures hier dimanche à l’hôpital des grands brûlés de Ben Arous. Hospitalisé en soins intensifs au service des urgences de l’hôpital universitaire Sahloul, il n’a pas survécu à la gravité de ses brûlures.
Selon les premières informations, il s’était initialement présenté dans les locaux des forces de l’ordre pour réclamer la restitution d’une somme d’argent saisie dans le cadre d’une affaire judiciaire le concernant, liée à une consommation présumée de stupéfiants. Après avoir quitté les lieux, il est revenu environ une demi-heure plus tard, armé d’une bouteille de produit inflammable, et a mis le feu à son propre corps, tout en faisant filmer la scène par un inconnu qui a posté la vidéo sur les réseaux sociaux. Transporté d’urgence, il a souffert de brûlures au troisième degré et, malgré les efforts médicaux, il a succombé à ses blessures quelques heures plus tard. La scène a rapidement enflammé les réseaux sociaux et suscité une vive émotion dans la région.
Incident similaire à Tunis
Un incident similaire s’est produit quelques jours auparavant dans la capitale, au centre-ville de Tunis. Un autre homme quant à lui âgé de 48 ans, « confronté à des difficultés personnelles et à un profond désespoir » selon ses proches, s’est immolé par le feu aux abords d’un hôpital public à Bab Saâdoun. Il a également succombé à ses blessures dimanche. Bien que les circonstances exactes diffèrent, cet acte vient rappeler le sentiment de déclassement et d’injustice qui continuent de hanter une partie de la jeune population tunisienne. La récurrence de tels gestes renforce l’image d’un mal-être social, souvent interprété comme une ultime protestation contre l’inertie des pouvoirs publics et l’absence de réponses adaptées aux problèmes de précarité et de santé mentale.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. À Sousse, le décès prononcé dimanche a provoqué de nouvelles tensions sur place : durant le weekend, des groupes de jeunes en colère ont exprimé leur ras-le-bol en lançant des projectiles et des cocktails molotov sur le poste de police « perturbant l’ordre public devant le commissariat » selon les autorités. Dimanche soir, des jeunes ont organisé une marche funèbre nocturne symbolique à la mémoire du défunt.
Le phénomène des auto immolations, devenu récurrent depuis celui de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010, « met en lumière l’urgence de renforcer les dispositifs de soutien psychologique et social » selon un responsable associatif. Les experts soulignent la nécessité d’une intervention rapide et coordonnée pour prévenir de nouveaux drames et offrir aux personnes en détresse des alternatives à ce geste fatal.