Congo : Tshala Muana chante « Ingratitude » et se fait interpeller

 Congo : Tshala Muana chante « Ingratitude » et se fait interpeller

Tshala Mwana n’a pas eu le temps de faire un clip. Les internautes s’en sont chargés

La célèbre chanteuse congolaise Tshala Muana, a mis en ligne un single « Ingratitude »  qui a fait polémique dès sa publication. Entraînant des menaces de mort à l’encontre de l’artiste chanteuse.

Pourquoi les Congolais ont-ils pensé au président Tshisekedi en écoutant ce morceau au titre équivoque, « Ingratitude ». La chanson à peine postée a valu à la « Mamu nationale», une vague de solidarité et une nuit au poste. Tshala Muana est interpelée lundi par l’ANR, l’Agence Nationale de Renseignement. Une arrestation qui a suscité l’indignation des Congolais et la mobilisation de la société civile dont l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice. L’ACAJ a exigé la libération sans condition de Tshala Muana. Son arrestation viole l’article 17 de la Constitution, rappelle l’ONG.

Le morceau devenu viral est aussitôt interdit par la commission de censure. Depuis l’affaire suscite de grands débats dans la capitale congolaise, Kinshasa. Les commentaires se sont emballés. Les fans de la chanteuse et la population se posent des questions sur le motif de l’interpellation de l’artiste, lauréate de prix nationaux et internationaux. Est-ce une interpellation politique ? Une atteinte à la liberté d’expression ?

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Fait important qui peut laisser penser à une mise en garde des autorités, la chanteuse est notoirement proche de la famille Kabila, l’ancien président du pays, dont les relations avec le président en exercice se sont dégradées, ces derniers mois.

La chanteuse dément toute allusion à l’actuel président

Mais l’UPC, le parti au pouvoir, dément tout lien avec l’arrestation. L’un de ses dirigeants affirme qu’ils ne sont concernés ni de près ni de loin par l’interpellation de l’artiste. Ajoutant que « le chef de l’État avait déjà manifesté son désaccord de l’arrestation de personnes pour leurs idées ».

Que disent les paroles de cette chanson, source de polémique ? « Ingratitude, tu as un mauvais cœur, tu n’iras pas loin ». Certains sont allés dire que les paroles évoquent le conflit larvé entre le président Félix Tshisekedi et Joseph Kabila.

Tshala Mwana est finalement relâchée mardi après une nuit passée en détention. Interrogée par les journalistes, elle dément avoir fait allusion à l’actuel président. Et accuse au passage les internautes d’avoir détourné le sens de son message. « Les images qui accompagnent la chanson ne sont pas les miennes », se défend-elle avec force. En les critiquant avec virulence et les qualifiant de « sales ». Tshala Mwana n’a pas eu le temps de faire un clip. Les internautes s’en sont donc chargés.  « Ingratitude » est illustrée par une vidéo évoquant  des  trahisons tirées de l’histoire et de la littérature. La fable de La Fontaine, le Corbeau et le Renard, est un exemple parmi d’autres.

Retour mouvementé

Pour le moment, ni la police, ni le gouvernement n’ont souhaité présenter une explication officielle à l’interpellation, heureusement de courte durée, de la diva.

Plus d’une corde à son arc, Tshala Mwana n’est pas que chanteuse, elle est danseuse, productrice, actrice et femme politique.  Restée longtemps absente à cause d’une longue maladie, elle est prise pour morte. Il y a quelques mois Tshala Mwana semble renaitre de ses cendres. Elle signe son grand retour avec « Ingratitude ». Tout juste mise en ligne samedi 14 novembre 2020, le single attire les foudres des autorités. La chanson est censurée. La chanteuse est arrêtée lundi puis relâchée le lendemain. Un retour sur le devant de la scène, certes, mouvementé, le moins qu’on puisse dire.

 

 

 

Mishka Gharbi