Attentat de Sousse : aide d’enquêteurs britanniques, mais les renforts policiers se font attendre

 Attentat de Sousse : aide d’enquêteurs britanniques, mais les renforts policiers se font attendre

Selon l’AESAT, environ 300 jeunes subsahariens auraient été arrêtés en Tunisie, souvent brutalisés, et détenus plusieurs heures sans motifs apparents


La Tunisie a annoncé jeudi l'arrestation de huit personnes en « lien direct » avec l'attentat revendiqué par le groupe État islamique (EI) qui a tué 38 touristes étrangers, dont 30 Britanniques, la semaine dernière dans un hôtel en bord de mer.


 


8 personnes arrêtées


Les autorités ont procédé à l'« arrestation de huit éléments en relation directe avec l'exécution de l'opération (attentat), dont une femme », a affirmé le ministre chargé de la société civile, Kamel Jendoubi, lors de la première conférence de presse consacrée à l'enquête, affirmant que « le réseau qui est derrière cette opération » avait été « découvert ». Le ministre dirige actuellement l'équipe de communication de crise mise en place par le gouvernement après la pire attaque jihadiste qu'ait jamais connue la Tunisie.


« Le dossier est brûlant et contient des données dangereuses », a-t-il indiqué de son côté le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti, pour expliquer le relatif silence des autorités sur l'avancée de l'enquête. Avec 30 morts parmi les 38 victimes, la Grande-Bretagne paie le plus lourd tribut dans cet attentat. Une partie des dépouilles a quitté la Tunisie mercredi. 10 enquêteurs britanniques sont d’ailleurs arrivés pour épauler leurs homologues tunisiens.


Selon les autorités tunisiennes, le tireur de Sousse, Seifeddine Rezgui s'est formé au maniement des armes dans un camp en Libye, pays livré au chaos et séparé de la Tunisie par une frontière poreuse. Il est possible qu'il y ait rencontré les deux auteurs de l'attentat du Bardo, d'après le secrétaire d’État chargé de la sûreté nationale, Rafik Chelly.


 


Des renforts pas encore visibles


Déjà en alerte après l’attentat du Bardo en mars, les autorités ont annoncé de nouvelles mesures après l'attaque contre l'hôtel Riu Imperial Marhaba, dont l'armement de la police touristique – une première selon les autorités – et l'arrivée de renforts. « Il y a eu un déploiement de 1 377 agents sécuritaires armés supplémentaires dans les établissements hôteliers et sur les plages », a précisé M. Jendoubi jeudi, dans le cadre d'un « plan exceptionnel » qui était censé entrer en vigueur le 1er juillet.


Mais dans des zones touristiques autour de Tunis comme Carthage, Sidi Bou Saïd et Gammarth, les renforts promis n'étaient pas encore arrivés mercredi, selon des journalistes de l'AFP. Dans une vidéo diffusée mercredi soir sur le site de la radio privée Cap FM, le ministre de l'Intérieur lui-même, venu faire une inspection à Hammamet, station balnéaire au sud de Tunis, s'emportait face à l'absence d'agents.


« Je veux que tu me sécurises les clients de la Tunisie, les invités de la Tunisie (…) J’ai fait ce que j’avais à faire » en déployant près de « 1 300 agents spécialement pour les zones touristiques » (…), a-t-il martelé furieux face au responsable qui tente d'expliquer que « si Dieu le veut, dès demain, les choses seront à 100 % » en ordre.


Jeudi, à Gammarth (nord-est de Tunis), les renforts n'étaient pas plus visibles que la veille, selon un journaliste sur place. Mais aucun touriste n'était non plus venu profiter de la Méditerranée.


Rached Cherif 

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