Congédiée de Nidaa Tounes, la députée Sabrine Ghoubantini « balance »
La plus haute instance politique de Nidaa Tounes a annoncé le 31 mai le gel des activités de la députée Sabrine Ghoubantini au sein des structures du parti « jusqu’à la tenue du congrès » et de la révoquer de son bloc parlementaire. Devenue whistleblower malgré elle, l’élue jette un pavé dans la marre en révèlant le malaise de son parti vis-à-vis de la la guerre contre la corruption actuellement menée par le gouvernement Chahed.
La décision a été annoncée à travers un communiqué laconique signé par le directeur exécutif Hafedh Caïd Essebsi : « la mesure est basée sur une pétition signée par 42 députés qui dénoncent le « mauvais comportement » de l’élue qui porte atteinte à la réputation du parti et à l’unité de ses structures ».
« On m’a écartée de Nidaa Tounes parce que je soutiens l’action du gouvernement », rétorque aujourd’hui la jeune Sabrine Ghoubantini qui affirme qu’elle s’attendait à être congédiée. Selon elle, cela fait des mois que des dirigeants du parti la harcèlent pour ses positions pro-gouvernementales. Sur sa page Facebook, Ghoubantini s’interrogeait il y a quelques jours : « Où sont les grands cadres de Nidaa Tounes dans l’appui à la guerre menée par le gouvernement contre la corruption ? ». Un statut public alors édifiant sur l’ampleur du malaise.
La rumeur se confirme donc selon laquelle la rupture serait consommée entre Hafedh Caïd Essebsi et le chef du gouvernement Youssef Chahed qui ne s’adresseraient plus la parole depuis plusieurs mois. Des enregistrements audio qui avaient fuité en provenance de réunions internes du parti avaient en effet révélé notamment que le chef de Nidaa était en désaccord avec la ligne gouvernementale et avait demandé entre autres à Chahed le remplacement de Iyed Dahmani, le porte-parole du gouvernement, en vain.
« Une menace à la sûreté de l’Etat »
Sur les ondes de Shems FM, Sabrine Ghoubantini a affirmé aujourd’hui jeudi : « il y a des données dangereuses qu’il m’a été donné de voir lors d’une réunion de Nidaa Tounes et qui touchent à la sûreté de l’Etat et du pays », ajoutant que « plusieurs membres dirigeants au sein du parti sont impliqués dans des affaires de corruption ».
La députée Nidaa a par ailleurs constaté qu’à ce jour Nidaa Tounes n’a pas émis de position claire face à cette guerre contre la corruption entamée récemment, regrettant qu’« une minorité au sein du parti en contrôle la majorité avec des procédés dictatoriaux ».
Tout comme les charismatiques Mohsen Marzouk et Ridha Belhadj avaient été tour à tour remerciés par le parti l’an dernier, il semble que les ambitions présidentielles du jeune Youssef Chahed en vue des élections de 2019 irritent de plus en plus le leadership de Nidaa qui n’a jamais considéré que Chahed, transfuge d’al Jomhouri, était réellement l’un des siens.
D’où un simple soutien de façade à la mesure phare du gouvernement, la guerre anti-corruption dont l’une des victimes, Chafik Jarraya, était un proche du tandem Hafedh – Sofiène Toubel, au vu et au su de tous.
S.S