Tunisie – Entre pandémie et chômage, la colère gronde

 Tunisie – Entre pandémie et chômage, la colère gronde

TUNIS, TUNISIE – 20 Janvier 2021: De jeunes Tunisiens manifestent dans un quartier populaire de Tunis, malgré le couvre-feu. NACER TALEL / AGENCE ANADOLU / AGENCE ANADOLU VIA AFP

Depuis vendredi soir (15 janvier), la colère de la jeunesse ne s’est pas atténuée. L’association des Tunisiens de France (ATF) est peu optimiste pour l’avenir.

 

Colère

« Le problème devient structurel et endémique. Les demandes de cette jeunesse sont légitimes » clame Mohamed-Lakhdar Ellala, président de l’Association des Tunisiens en France (ATF).

Depuis le 14 janvier, la Tunisie fait face à des nuits d’émeutes opposant des protestataires, jeunes pour la plupart, aux forces de l’ordre. C’est au lendemain du dixième anniversaire de la chute du président Ben Ali, que les heurts ont donc commencé.

C’est également à partir de ce jour, que l’heure du début de couvre-feu, en vigueur depuis octobre pour combattre la pandémie de Covid-19, a été avancée de 20h à 16h jusqu’à dimanche (17 janvier).

Une mesure qui semble avoir exacerbé la colère d’une jeunesse tunisienne fortement touchée par le chômage. Au troisième trimestre 2020, le taux de chômage chez les jeunes (15-24 ans) s’élevait à 35,7%.

Violences

« N’attaquez ni n’insultez personne, et n’endommagez pas les propriétés privées ou les institutions de l’Etat » demandait, lundi (18 janvier) le Président Kaïs Saïed. Un appel au calme sans résultat tandis que la répression monte d’un cran.

Le même jour, le ministère de l’Intérieur indiquait que plus de 600 personnes avait été arrêtées dans la nuit de dimanche à lundi. Coups de matraques, usage important de gaz lacrymogène, selon des témoignages recueillis par Amnesty international, les pratiques policières se durcissent.

Inquiète, l’ONG rappelle que « rien n’autorise les forces de sécurité à déployer une force inutile et excessive, y compris lorsqu’elles font face à des actes sporadiques de violence ».

Pas de vision

De son côté, le président d’ATF pointe du doigt les élites qui auraient sous-estimé une colère grandissant : « Comme si le pays se serait sorti de cette crise de façon spontanée, avec cette nouvelle génération. Non, c’est pas vrai ! ».

Pour ce dernier, les différentes politiques de ces dix dernières années sont responsables de la situation économique et sociale actuelle : « Les gouvernements qui se sont succédé de façon systématique depuis 10 ans n’ont pas eu une grande vision, ni mis en place un projet sociétal qui était nécessaire ».

La loi de finances pour 2021, approuvée en décembre dernier par le Parlement tunisien, prévoit un recul historique du PIB de 7%, notamment à cause de la crise de Covid-19.

 

Charly Célinain