Tunisie. Grève dans le secteur bancaire : observance en hausse et satisfécit de l’UGTT

La grève observée en ce lundi 3 novembre dans le secteur bancaire et des assurances en Tunisie a été largement suivie, traduisant un certain malaise social au sein du personnel financier, quoique recevant peu d’empathie de la part de la part de la rue tunisienne.
Ainsi à l’appel de la Fédération générale des banques et établissements financiers relevant de la centrale syndicale UGTT, des milliers d’employés ont cessé le travail pour protester jusqu’à mardi contre le blocage des négociations collectives et le retard accumulé dans la mise en œuvre des accords salariaux conclus depuis plusieurs mois. Dans les grandes villes du pays, la grève avoisine les 100% d’observance.
Dès les premières heures de la journée, la majorité des agences bancaires à travers le pays sont restées fermées, tandis que les services d’assurance ont été fortement perturbés. Pris au dépourvu en ce début de semaine même si le préavis de grève avait été grandement médiatisé, certains clients pestent aux abords des agences de la capitale : « Ces gens gagnent jusque 17 salaires par an grâce aux primes, que demandent-ils de plus ?! », pouvait-on notamment entendre.
Une victoire pour Taboubi
L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a salué une mobilisation « exemplaire », y voyant le signe d’une exaspération grandissante face à la dégradation du pouvoir d’achat y compris dans les domaines jugés les plus lucratifs du secteur privé, mais aussi face à l’absence de dialogue réel avec les autorités et les représentants du secteur.
Selon les responsables syndicaux, cette grève visait à « envoyer un message clair » au gouvernement et à la Fédération tunisienne des banques et des assurances (FTBA) : les travailleurs exigent non seulement des revalorisations salariales, mais aussi la reconnaissance de leurs droits sociaux dans un contexte économique tendu, marqué par une inflation persistante et une perte de confiance dans les institutions.
Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a profité de cette journée de mobilisation pour réitérer son appel à l’ouverture de « véritables négociations sociales ». Dans une déclaration à la presse, il a estimé que « le pays ne peut pas avancer avec des dialogues de façade et des promesses sans lendemain ». Pour Taboubi, il est urgent de remettre en place un cadre national de concertation qui associe les partenaires sociaux autour d’un projet économique clair, fondé sur la justice sociale et la relance de la production.
Le leader syndical a par ailleurs critiqué ce qu’il qualifie de « politique d’attentisme » de la part du gouvernement, soulignant que les tensions sociales risquent de s’amplifier si les revendications des travailleurs restent ignorées. « Les institutions financières ne sont pas isolées du reste de la société. La précarisation du personnel bancaire reflète celle de l’ensemble des Tunisiens », a-t-il ajouté, appelant à « des actes concrets » et non à de simples consultations formelles.
Pour de nombreux observateurs, la réussite de cette mobilisation confirme la capacité de l’UGTT à maintenir une pression syndicale significative, malgré les tentatives de marginalisation dont elle fait l’objet.
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Dans ces conditions, cette journée de grève dans le secteur bancaire apparaît comme un avertissement adressé tant au patronat qu’au gouvernement. L’UGTT, par la voix de Taboubi, semble en effet déterminée à replacer le dialogue social véritable au cœur de la gestion des affaires publiques.
