La migration vers l’Italie a fortement augmenté en 2018

 La migration vers l’Italie a fortement augmenté en 2018

Il ressort de l’étude un rythme soutenu de quelque 4.600 de migrants recensés en moyenne par an depuis 3 ans


Pas moins d’environ 14.000 migrants tunisiens ont atteint les côtes italiennes entre 2015 et 2018, fait savoir Messaoud Romdhani, président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Loin de faiblir, le nombre d’embarcations de fortune s’est accru de façon exponentielle.


A l’occasion de la Journée internationale des migrants se tenait une conférence de presse tenue au siège du FTDES où Romdhani a néanmoins souligné que, loin d’être régulière, la courbe a explosé ces dernières années : un rapport réalisé tout récemment par le Forum révèle ainsi que ce nombre connaît une hausse d’une année à une autre puisqu’il se limitait à 569 migrants en 2015, contre 6.006 migrants en 2018 (période de janvier à fin novembre 2018).


 


Multiplication préoccupante de la migration des mineurs


D’après Romdhani, il y a aujourd’hui plus de migrants mineurs non accompagnés (1.028) contre 120 mineurs accompagnés et 138 femmes. Il rappelle par ailleurs que les autorités sont parvenues à mettre en échec 13.158 tentatives de migration irrégulière depuis 2015 jusqu’au 10 décembre 2018.


Il a également indiqué que la Tunisie occupe toujours une problématique première place au palmarès des migrants détenus dans les centres de détention italiens avec 6.151 migrants, ce qui représente la bagatelle de 89% du total des migrants arrêtés par les autorités italiennes en 2017…


 


1 tentative de migration sur 2 déjouée


Le président du FTDES a en outre fait remarquer que la Tunisie occupe la première place au niveau des rapatriements forcés, avec un taux de 95% en 2017, suivie du Nigeria 89%, l’Egypte (69%) et le Maroc (44%), précisant qu’au cours de ces trois dernières années le nombre de rapatriés tunisiens a atteint les 4.385, soit environ le tiers des migrants dits « irréguliers ».


Autre moyenne révélée par le Forum, depuis le début de l’année et jusqu’au mois d’octobre 2018, sur 42 migrants qui atteignent les côtes italiennes, 5 trouvent la mort, soit plus de 10%. Dans ce contexte délétère, le FTDES a réitéré son attachement à « la garantie du droit de mobilité à l’intérieur et à l’extérieur du pays et du droit de demande d’asile », tout en dénonçant les politiques migratoires européennes basées selon Romdhani sur le « tout sécuritaire ».


 


« Non aux camps de migrants au Maghreb »


L’homme a également exprimé son rejet de la proposition de plusieurs pays européens à installer des « plateformes de migration » dans les pays nord-africains dont la Tunisie, une proposition récurrente formulée notamment par Malte et l’Italie.


Romdhani a aussi appelé l’Etat tunisien à ratifier la Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles, un texte qui a déjà été signé par l’Algérie, le Maroc, la Turquie, l’Egypte ainsi que le Niger.


 


Une « collaboration » trop zélée de la Tunisie avec l’UE ?


Le rapport pointe du doigt le fait que les autorités tunisiennes adhèrent activement aux politiques européennes de rapatriement de migrants irréguliers et ne s’y opposent pas malgré leur caractère bien souvent illégal.


La même source regrette que les autorités tunisiennes n’aient actuellement « aucune réelle politique de réintégration » des migrants une fois rapatriés, leur rôle se limitant à l’application des procédures judiciaires.


Plusieurs recommandations figurent enfin dans ce rapport, telles que la mise en place d’une base de données, encore inexistante, des migrants tunisiens rapatriés d’Italie et d’Europe, davantage d’implication de la société civile et des médias dans les opérations de rapatriement et la création d’une dynamique efficace entre la société civile italienne et tunisienne pour renforcer le contrôle des politiques migratoires et limiter les cas de rapatriement forcé.


 


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Seif Soudani