Les réserves en devises sous le seuil critique des 90 jours

 Les réserves en devises sous le seuil critique des 90 jours


Les réserves en devises de la Tunisie poursuivent leur tendance baissière, s’établissant aujourd’hui 25 janvier, à 12,3 milliards de dinars, ne couvrant plus que 89 jours d'importation, selon des chiffres publiés par la Banque centrale de Tunisie, sur son site officiel. La barre symbolique des 90 jours est à nouveau franchie, malgré les assurances de la BCT. Un expert en explique les conséquences.


Pour, Moez Labidi, Professeur d’économie, « les réserves de change constitient une sorte d’airbag, de dispositif de sécurité permettant de surmonter les périodes de pénuries de devises étrangères. Leur niveau actuel marque le franchissement assez rare de la barre symbolique des 90 jours d’importation, bien qu’historiquement, la Tunisie ait connu, des niveaux encore plus bas ».


Labidi pense que les pressions baissières sur les réserves en devises s’expliquent essentiellement, par le creusement du déficit courant. Un phénomène qui tend à s’amplifier ces derniers temps à cause de la forte hausse du prix du baril de pétrole, qui renoue avec des niveaux proches des 70 dollars, mais également à cause du fléchissement des recettes en devises du tourisme, étant en période de basse saison.


Soulignant l’impératif de freiner cette tendance baissière des avoirs en devises, qui pourrait « alimenter une dynamique spéculative sur le dinar », Labidi estime que « l’inversion de cette tendance est étroitement liée à notre capacité d’inverser la tendance haussière du déficit courant ».


Agir sur le déficit commercial, une décision politique


Cela nécessite selon l’expert « davantage de détermination du côté du gouvernement, pour débloquer la situation de certaines entreprises exportatrices, car le blocage de l’appareil productif dans ces entreprises nous prive de recettes en devises et nous pousse vers davantage d’endettement ».  


« Il faut mettre en place une véritable politique commerciale agressive de prospection des marchés étrangers, à travers notamment la rénovation du cadre consulaire (surtout les attachés commerciaux », conclue-t-il.


En somme, rationaliser les importations, sans succomber à la pression de certains lobbys et de contenir la croissance du secteur informel… De telles mesures permettront de rendre le site Tunisie plus attractif pour les investisseurs étrangers, plaide Labidi, ce qui réduira les pressions baissières sur le dinar.


Bien que gérées par la Banque Centrale de Tunisie à laquelle on a souvent tendance à attribuer injustement, la responsabilité de la détérioration des réserves en devises, la santé de ces réserves dépend, plutôt, de l’état des fondamentaux de l’économie.


Pour rappel, le déficit de la balance commerciale en Tunisie s'est aggravé à 15,5 milliards de dinars, fin 2017, un niveau record jamais atteint auparavant par le pays. Rassurant malgré tout sur le cours du dinar face à l’euro, le gouverneur de la BCT Chedly Ayari a estimé début 2018 que le dinar ne devrait pas glisser bien plus encore que les 3dt actuels avec lesquels ils continue de flirter.


 


S.S

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