Taux de croissance en hausse mais insuffisant pour juguler la crise

 Taux de croissance en hausse mais insuffisant pour juguler la crise

Au centre


La Tunisie a finalement enregistré au cours du premier semestre 2017 un taux de croissance de 1,9%, contre 1% au cours de la même période en 2016, a annoncé le 15 août à Tunis le PDG de l'Institut National de la Statistique (INS) Hédi Saidi, dans le cadre d’une conférence de presse, tenue au Palais du gouvernement à la Kasbah. Un satisfécit partiel cependant, entaché par une instabilité intenable à la tête du ministère des Finances.


Hédi Saidi a ajouté que le taux de croissance, au cours du deuxième trimestre 2017, a atteint 1,8% (soit un ralentissement de 0,1%), faisant savoir que la croissance enregistrée est due essentiellement à la progression du secteur agricole de 3,8%, des services marchands de 4,2% et des services non marchands de 0,2%. Il s’agit d’une précision de taille : au moment où les services stagnent, c’est donc l’agriculture, encore soumise aux aléas climatiques en Tunisie, qui sauve donc la donne économique du pays.  


Selon le ministre des Finances par intérim Fadhel Abdelkefi, optimiste, les indicateurs macro-économiques laissent présager de la possibilité d'atteindre au final pour l’ensemble de l’année 2017 un taux de croissance de 2,5%.


 


Retour progressif au rythme de croisière


Un taux à peu de choses près conforme aux prévisions de la Banque mondiale, la croissance économique en Tunisie passera durant l’exercice en cours (2017) à 2,3%, avant de se renforcer de façon constante à moyen terme, à 3% en 2018 et 3,5% en 2019, soit des taux proches de ceux enregistrés en 2012 et 2013, avant la crise politique qu’avait connue depuis le pays. Cette amélioration s'explique selon la même source par la mise en œuvre de réformes destinées à améliorer le climat des affaires, qui semblent avoir apporté leurs fruits.


A titre de comparaison, en 2016 le taux de croissance économique réalisée par la Tunisie en 2016 n’avait pour rappel pas dépassé les 1% selon la source officielle qu’est l’INS.


Concernant enfin le taux de chômage enregistré au cours du deuxième trimestre 2017, l'INS révèle qu'il est de 15.3%. Le nombre de chômeurs s'élève ainsi à 626,1 mille Tunisiens, ce qui constitue ainsi un taux de chômage au statu quo par rapport au premier trimestre 2017, également de 15,3% et un nombre de chômeurs légèrement inférieur qui était à 625,6 mille demandeurs d’emploi.


Quant à la répartition de ce taux de chômage pour le premier trimestre 2017 selon les sexes, il est estimé à 12,4% chez les hommes et 22,6% chez les femmes, précise l'INS.


 


Abdelkafi, "the elephant in the room"


La conférence de presse fut cependant dominée comme attendu durant la séance de questions au gouvernement par les déboires judiciaires du ministre des Finances par intérim, qui n’y a pas échappé malgré des statistiques relativement flatteuses. Une peine de prison a en effet été prononcée par contumace à l’encontre d’Abdelkafi, assortie d’une amende de pas moins d’1,8 million de dinars, et ce dans le cadre d’une affaire intentée à son encontre par la douane tunisienne en 2013 pour fraude dans des transactions de change.


Evoquant la nécessité de boucler les modalités de la loi de budget 2018 avant toute éventualité de départ, le ministre a cependant laissé entendre qu’il ne souhaitait plus cumuler l’intérim des Finances et son ministère du Développement et de la coopération internationale.


Pour le gouvernement Chahed qui fait de la lutte anti-corruption son principal cheval de bataille, la situation du « super ministre » Abdelkafi devient plus embarrassante que jamais.


 


S.S

Seif Soudani