Ukraine : les étudiants tunisiens entre détresse et premières délivrances

 Ukraine : les étudiants tunisiens entre détresse et premières délivrances

« L’Etat tunisien ne s’épargnera aucun effort pour venir en aide à ses ressortissants où qu’ils se trouvent dans le monde », a assuré le président Kais Saïed dimanche soir. Mais loin des déclarations convenues et des vœux pieux, la réalité des évacuations sur le terrain depuis l’Ukraine reste complexe et extrêmement périlleuse. Témoignages.  

Les dernières estimations concernant la communauté tunisienne résidente en Ukraine font état de 1500 ressortissants, dont la plupart sont des étudiants.

Nour el Houda est étudiante en médecine dentaire sur le point de terminer ses études. Son parcours est aujourd’hui typique de celles et ceux qui s’estiment heureux d’avoir été secourus à temps ce weekend. Elle nous confirme aujourd’hui être « arrivée à bon port » en Pologne où son calvaire n’est pas encore terminé pour autant. Elle devra en effet y attendre avec ses camarades dans un centre commercial réaménagé, jusqu’à mardi si tout va bien, pour regagner Tunis.

Mourir de froid ou sous les bombes

Son témoignage vidéo ci-dessous décrit la dureté, souvent inhumaine, de son parcours. Par une température de -1 degré Celsius en cours de journée, -7 la nuit, son groupe a dû parcourir à pied de longs kilomètres pour arriver à la frontière ukrainienne. C’est là où elle documente notamment des feux de camps alimentés par les vêtements et les valises de certains rescapés qui préfèrent les brûler pour se chauffer le temps des 48 heures passés à attendre qu’un bus les transporte.

« Les militaires ukrainiens nous ont violentés et refoulés à plusieurs reprises, et les bus ont roulé au milieu de la foule pour s’en extirper », atteste-t-elle. « Nous avons cru y rester! C’était soit mourir sous les bombes soit mourir de froid ici », assure-t-elle en larmes, avant la délivrance, dimanche, lorsqu’elle accourt enfin vers la frontière ouverte aux réfugiés. Elle nous a fait parvenir ces images :

Depuis un abri à Kharkiv, une autre étudiante en détresse déplore quant à elle le manque de coordination entre résidents Tunisiens en Ukraine :

 

Une autre ressortissante tunisienne fait le même constat, tout en s’indignant du « mauvais traitement et des violences commises par les forces de l’ordre ukrainiennes » :

 

Mariem Amdouni, résidente en Ukraine : « Lorsqu’il y a une semaine le Maroc avait entamé le rapatriement de ses ressortissants, notre diplomatie a sous-estimé la menace » :

 

Un étudiant tunisien dans la ville d’Odessa décrit le bruit des bombardements incessants au quotidien :

 

Ils rassurent leurs proches depuis la ville de Dnipro où 250 Tunisiens ont pu être évacués à bord de 5 bus hier soir 27 février :

 

Le nombre d’Ukrainiens déplacés à l’intérieur de leur pays par l’invasion militaire russe pourrait dépasser les sept millions, a déclaré dimanche le commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé dimanche les forces russes de bombarder des cibles civiles et affirmé que les actions de Moscou portaient « les marques d’un génocide ».

 

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Seif Soudani