Une rare déclaration du Conseil de sécurité dénonce le développement des colonies israéliennes

 Une rare déclaration du Conseil de sécurité dénonce le développement des colonies israéliennes

Le Conseil de sécurité a condamné les récentes décisions de développement des colonies israéliennes. Atilgan Ozdil / ANADOLU AGENCY / AFP

Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont publié une rare déclaration commune condamnant les récentes annonces d’expansion des colonies israéliennes. Une résolution qui a reçu le soutien des États-Unis après que ces derniers ont réussi à convaincre les membres de retirer une résolution plus énergique sur la question.

« Le Conseil de sécurité se dit profondément préoccupé et consterné par l’annonce faite par Israël le 12 février 2023, annonçant la construction et l’expansion de colonies et la « légalisation » des avant-postes », peut-on lire dans la déclaration présidentielle. Le texte fait référence à la récente décision israélienne de légaliser neuf avant-postes et au feu vert pour la construction de 10 000 logements dans des colonies.

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Une déclaration présidentielle est une déclaration faite par le Président du Conseil de sécurité au nom du Conseil et adoptée lors d’une réunion formelle du Conseil. « Le Conseil de sécurité réitère que la poursuite des activités de colonisation israélienne met dangereusement en péril la viabilité de la solution à deux États fondée sur les lignes de 1967 », peut-on lire également dans le communiqué de lundi.

Il s’agit de la première déclaration concernant le conflit israélo-palestinien en neuf ans. Cependant, il lui manque le caractère contraignant d’une résolution semblable à celle adoptée en 2016, qui condamnait plus vigoureusement les colonies israéliennes.

 

Première décision depuis 2016

La déclaration condamne en outre « tous les actes de violence contre les civils, y compris les actes de terrorisme ». Elle appelle toutes les parties à condamner les actes de terrorisme, à s’abstenir d’inciter à la violence et à tenir responsables ceux qui ciblent les civils.

Malgré ces derniers points, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a rapidement réagi en dénonçant l’annonce du Conseil de sécurité comme étant « unilatérale ». L’exécutif israélien affirme que cette déclaration « nie le droit des Juifs de vivre dans notre patrie historique et ignore les attaques terroristes palestiniennes à Jérusalem au cours du dernier mois. »

Dans une rare critique publique de l’administration Biden, le bureau de Netanyahu a conclu que la déclaration du Conseil de sécurité « n’aurait pas dû être faite et que les États-Unis n’auraient pas dû y adhérer ».

 

Position d’équilibriste des États-Unis.

Washington se trouvait dans une situation inconfortable depuis les annonces israélienne du 12 février. Les diplomates américains faisaient pression sur les membres du Conseil de sécurité pour qu’ils ne présentent pas de résolution condamnant la colonisation israélienne.

Afin d’inciter l’autorité palestinienne à retirer son soutien à la résolution rédigée par les Émirats arabes unis au nom de Ramallah, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré à Mahmoud Abbas que Washington soutiendrait plutôt la déclaration présidentielle de niveau inférieur. En outre, Blinken a promis qu’il rencontrerait Joe Biden à la Maison Blanche plus tard cette année. Une invitation que Netanyahu lui-même n’a pas encore reçue. Israël avait également averti Ramallah qu’il n’y aurait pas de mesures visant à faciliter la vie des Palestiniens avant le Ramadan si une résolution du Conseil de sécurité était adoptée. Sous la pression, l’Autorité palestinienne a donc donné son accord, et les EAU ont retiré leur texte.

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La déclaration présidentielle ne demande pas la fin immédiate des activités de colonisation, mais exprime l’opposition du Conseil aux « mesures unilatérales qui entravent la paix », y compris la confiscation des terres palestiniennes. Elle demande également le maintien du statu quo dans les lieux saints de Jérusalem. Une question qui a été remise en question sous le nouveau gouvernement d’extrême droite à Tel Aviv.

 

Rached Cherif