Des politiques s’interrogent sur l’arrestation du général Hassan

 Des politiques s’interrogent sur l’arrestation du général Hassan


L’arrestation dans la nuit du jeudi 27 aout du général Hassan, un ténor de l’antiterrorisme algérien et fidèle lieutenant de l’énigmatique général Toufik, est le signe grave exacerbation du sempiternel conflit Présidence-DRS.


La guerre des tranchées entre la Présidence et le DRS vient prendre une tournure dangereuse. Le général Hassan, un des piliers des Services algériens et fidèle lieutenant du général Toufik – qui subit depuis des coups sans réagir -, a été arrêté manu militari il y a moins d’une semaine avant d’être jeté en prison. Le dossier à charge est lourd : « insubordination », « création d’une organisation armée », « rétentions d’informations », « détention d’armes à feu ». Des accusations très dangereuses si elles venaient à être corroborées peuvent valoir à l’ancien patron de la lutte anti-terroriste rien moins que la peine capitale. Cette dégénérescence du conflit entre les deux clans au pouvoir laisse la classe politique algérienne dans l’expectative. Pour le moment, très peu d’acteurs politiques se sont exprimés sur cette affaire.


Dans l’édition d’hier d’El Watan, l’ancien responsable du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et ex-chef patriote, Nordine Ait Hamouda voit dans l’arrestation du général Hassan un règlement de compte. « Au-delà de ce qu’on peut reprocher au général Hassan, son arrestation sent le règlement de comptes. Il fait partie de la longue liste des départs à la retraite, limogeages et, pourquoi pas, poursuites judiciaires et arrestations. Dans ce milieu, quand on cherche, on trouve. Lorsqu’on veut chercher des choses, on trouve. Cela a été le cas lors du limogeage des chefs de la garde présidentielle et de la Garde républicaine », a-t-il soutenu. Pour lui, l’arrestation de l’ancien responsable de la direction de la lutte contre le terrorisme est « n’est qu’une suite logique de toutes les autres décisions prises depuis 2013 ».


Aujourd’hui, c’est autour de la pasionaria du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, de s’exprimer sur ce précédent et de battre en brèche les griefs retenus contre le général Hassan qui, selon elle, ne feront que renforcer les doutes sur les tenants du terrorisme en Algérie. « Quand un responsable de la lutte contre le terrorisme est accusé d’avoir constitué un groupe terroriste, c’est une occasion qu’on présente sur un plateau d’argent aux grandes puissances impérialistes pour qu’elles s’ingèrent dans nos affaires internes », a-t-elle dénoncé aujourd’hui lors d’un point de presse animé au siège de son parti. Et d’enfoncer le clou : « cette accusation est faite pour l’ouverture du dossier au niveau de la CPI ». Et d’en rajouter une couche : « Toute personne qui a un peu de logique ne peut que déduire que ce genre d’accusations va conduire à l’effritement du dispositif de lutte contre le terrorisme et décrédibiliser en même temps l’État à l’étranger ». « C’est une accusation grave et même très grave. C’est une situation qui fait peur », s’est encore alarmée la porte-parole du PT. Une inquiétude qui n’est pas sans fondements, et nombre d’observateurs s’interryogent aujourd’hui si avec le sort très peu enviable réservé au général Hassan ce n’est pas la disgrâce tout aussi déshonorante de son chef, le fameux général Toufik qui a régné 25 ans à la tête des Services algériens, qui pointe son nez.


Yacine Oukickh

Mohamed C.