Ces femmes exilées qui vivent leur maternité à la rue à Paris

 Ces femmes exilées qui vivent leur maternité à la rue à Paris

Une femme exilée s’apprêtant à quitter un centre d’accueil.

Face à l’Hôtel de Ville de Paris, orné pour les Jeux olympiques, des dizaines de femmes attendent désespérément un toit pour la nuit. Malgré les efforts de l’association Utopia 56 et d’autres organisations sur le terrain, la réalité de vivre sa maternité dans la rue est devenue une tragique norme pour de nombreuses femmes migrantes.

Yann Manzi, cofondateur d’Utopia 56, dénonce fermement cette situation : « En France, il semble y avoir une politique d’accueil… sur le trottoir. » Chaque soir, son association organise une permanence devant l’Hôtel de Ville pour venir en aide aux femmes enceintes ou avec des bébés, tentant de les orienter vers un hébergement.

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En journée, ces femmes se réfugient dans des accueils de jour comme « Les Amarres » sur les quais de Seine, où elles peuvent se réchauffer, se laver et manger. Parmi elles, Aya (nom d’emprunt), mère d’un nourrisson de quatre mois, partage son quotidien entre la rue et, si elle a de la chance, un hôtel à Grigny (Essonne). Pour elle, fuir son pays d’origine, la Côte d’Ivoire, était la seule option après avoir été mariée de force par un oncle, suite à l’excision qu’elle avait subie et au décès de sa sœur sur la route de l’exil.

 

Les violences basées sur le genre au coeur des parcours des exilées 

De même, Mariam, mère d’un petit garçon de deux mois, a fui un mariage forcé en Côte-d’Ivoire et a traversé la Libye dans des conditions déplorables, marquée par la violence et la maltraitance. Pour les inscrire en maternité, une sage-femme « volante » de la Protection maternelle et infantile (PMI) va jusqu’à chercher ces femmes sous les ponts. Mais, la situation est devenue alarmante, comme le souligne-t-elle : « Est-ce normal qu’un bébé de trois mois soit à la rue ? » Pour survivre, certaines familles s’abritent dans des cages d’escalier ou des locaux à poubelles, selon les observations de la sage-femme.

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Ces histoires tragiques illustrent les parcours de vie douloureux des femmes migrantes, souvent marqués par les traumatismes liés aux migrations et aux violences subies. Pour tenter d’apporter une solution, la mairie de Paris a ouvert en 2019 un centre de protection maternelle à l’Hôtel-Dieu, offrant un soutien à plus de 2 300 femmes.

Malheureusement, la précarité des femmes migrantes enceintes est un problème qui dépasse les frontières de Paris. Les grandes villes de France ont récemment poursuivi l’État pour dénoncer ses lacunes en matière d’hébergement d’urgence, mettant en lumière une crise humanitaire sans précédent.

Rached Cherif